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Soixante-cinq
scènes imaginaires commentées de la vie
des insectes |
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Darwin a oublié la porte ! Il ne pouvait pas savoir
qu’elle mène au monde de mes rêves,
un monde à l’envers, aux critères
inhabituels et inattendus, dans lequel hommes et insectes
communiquent, même la mante religieuse participe.
Certaines espèces, déjà impressionnantes
par nature, y sont devenues géantes, comme le scarabée
ronfleur, le goliath ou le scorpion noir. Et, comme chez
les terriens, harmonie et dysharmonie s’y relaient
complaisamment.
Un matin comme je les aime, au beau ciel orangé,
que rien ne différenciait des autres – à
l’exception, peut-être, d’un petit grattement
sec et anachronique contre la lucarne qui attisa ma curiosité
– je me surpris à dialoguer, si je puis dire,
avec un imposant coléoptère qui s'était
posé derrière la vitre. Après m’être
frotté les yeux, je dois confesser que, sur l’instant,
j’eus peur, mais ma soif de connaissance était
telle que j’ai ouvert la fenêtre ; il a gentiment
mis sa patte sur ma main tout en me parlant dans une langue
que je ne comprenais pas, mais le ton paraissait affectueux,
et j’en percevais le sens.
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Un
peu inquiet malgré tout, je descendis les escaliers
quatre à quatre, n’osant imaginer l’état
de mon jardin. Là, diverses grosses bestioles
à carapace discutaient entre elles ; leur pacifisme
réjouissait l’œil, on était
bien loin des scénarios extravagants des films
d’épouvante. Elles m’expliquèrent
que j’avais franchi, apparemment sans m’en
rendre compte, la porte qui mène au monde à
l’envers. Je me trouvais donc à l’envers
du monde dans lequel j'évoluais habituellement,
et celui-ci ne me semblait pas être le pire. Je
me souvins, à cet instant, avoir lu dans l’Iliade
que dans l’antiquité, une mouche avait
bénéficié d'une place de choix
: selon Homère “la déesse Athéna
avait insufflé son audace à Ménélas
pour qu’il retourne sur le champ de bataille !”
Alors, finalement, voir arriver Alice et le lapin toujours
en retard ne m’aurait pas étonné
non plus !
Dans la lumière du matin, je crus reconnaître,
bien improbables dans nos régions, un carouge
à épaulettes et un gobe-mouche, mais après
tout… pourquoi pas ! Et, c’est à
ce moment-là que je me suis posé la question
cruciale : comment démêler le vrai du faux
?
Ce livre est une invitation à voyager dans mes
rêves, là où rien n’est impossible…
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Quelques
illustrations
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