Les arbres…
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours
éprouvé de la tendresse pour les arbres.
Enfant, je les prenais dans mes bras, j’essayais
d’entendre les battements de leur cœur, vainement…
et pourtant, il me semble évident qu’ils
en ont un, différent du nôtre, sans doute
; les Indiens d’Amérique du Nord, d’ailleurs,
ne m’auraient sûrement pas contredit, eux
qui se ressourçaient le dos contre leur tronc.
À l’approche de l’hiver, je les regardais
s’endormir, un peu comme nous, mais pour plus longtemps,
et j’attendais patiemment le printemps, car ils
ne meurent pas… Les mois passant, j’observais
les petites feuilles apparaître et s’épanouir
dans les premiers rayons du soleil.
La forêt évoque pour moi une armée
pacifique qui protège la terre ; cependant, au
fil des siècles, elle a payé un lourd tribut
aux hommes ; les constructeurs de cathédrales ne
l’ont pas ménagée, ils l’ont
éradiquée pour satisfaire à l’édification
des voûtes…
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