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Dix
contes pédagogiques illustrés
par l'auteur
175 termes expliqués |
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Je n’ai pas honte de l’écrire, mon
enfance fut heureuse. J’ai eu une grand-mère
adorable avec qui je découvris la magie des fêtes
foraines. Elle y prenait, je crois, autant de plaisir
que moi. J’ai gardé un souvenir émerveillé
des manèges scintillants et des baraques de friandises.
La fabrication de la barbe à papa m’a longtemps
intrigué mais ma préférence allait
aux pommes d’amour rouges et brillantes et surtout
aux cochons en pain d’épice sur lesquels
elle faisait inscrire mon prénom. C’était
le temps béni où l’on s’habille
de rêves et d’histoires féeriques...
Je souhaite que tous les enfants connaissent cela. Il
y aura toujours des grands-mères pour raconter
des histoires. Bien sûr, j’ai connu les
petits chagrins et les gros bobos mais les vraies valeurs
sont celles du cœur, celles de la main tendue vers
l’autre, celles qui traversent les âges
!
Les dix contes rassemblés dans ce livre étaient
nichés entre les racines d’un arbre qui
s’appelle la vie. Ce sont des moments d’innocence
que nous ne pouvons ignorer.
Transmettre, c’est faire un beau voyage.
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LA
SORCIÈRE D’ABERDEEN |
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Le
seul défaut des vacances, c’est d’avoir
une fin. Sur le pas de la porte, Petit John demanda
à Granny :
— Est-ce que tu veux bien me faire un cadeau...
avant que je rentre à la maison ?
— Bien sûr, mon garçon. Tout... sauf
mes petites économies !
— Eh bien voilà ! Je voudrais emporter
toutes les cordelettes qui sont dans ton gros sac en
papier.
— Diable ! s’exclama la grand-mère.
Mais que veux-tu donc en faire ?
— Alors ça, dit Petit John en prenant un
air mystérieux, c’est mon secret !
La gentillesse de Granny n’était plus à
prouver. Elle alla chercher son ouvrage et lorsqu’elle
eut rempli le sac à dos de l’enfant, il
ressemblait à un petit mulet.
— Dépêche-toi maintenant si tu ne
veux pas rater ton train ! À peine fut-il installé
dans son compartiment, une vieille dame engagea la conversation
; et les choses prirent une tournure imprévue
:
— Sans la magie de Maggie la sorcière d’Aberdeen,
tu n’y arriveras jamais !
— De quoi me parlez-vous madame ? s’étonna
Petit John.
— De ton projet, bien sûr !
— De quel projet ?
— Celui des statues du parc !
Là, Petit John resta sans voix ! Personne n’était
au courant, pas même Granny. Alors, comment cette
femme pouvait-elle savoir ? Mais reprenant ses esprits,
il questionna :
— Et qui est Maggie la sorcière d’Aberdeen
?
— La sorcière d’Aberdeen… Maggie…
C’est moi !
À cet instant, Petit John comprit qu’il
était inutile de nier, elle savait déjà
tout. Il jugea alors judicieux de s’associer avec
elle. |
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LE
MANÈGE DU BOIS DE LA LICORNE |
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Le manège avait été monté
et la mécanique bien rodée . L’orgue
de Barbarie entonnait les airs habituels : Le Temps
du Muguet, Cerisiers roses et Pommiers blancs…
à l’aide des petites bandes de carton perforé.
C’est alors que Raoul s’écria : «
C’est pas possible, y vont pas nous faire ça
! » Les autres fixèrent le doigt pointé
vers un cheval de bois aux gros yeux exorbités
qui portait à son cou une pancarte : «
À vendre ». Un avis d’expulsion aussi
sinistre qu’un faire-part de décès.
Cette fois-ci, la fête commençait mal.
Pour la petite bande, c’était inenvisageable
. On ne pouvait pas vendre le manège ! Depuis
leur plus tendre enfance, ils avaient joué dans
la calèche où l’on pouvait entrer
à plusieurs, frimé sur le bolide qui ressemblait
à celui de Fangio , et tellement ri dans les
sièges à bascule où ils finissaient
par avoir mal au cœur. Non, non et non, décidément
il fallait faire quelque chose ! Le plus jeune, Arthur,
s’avança au milieu des grands :
— Faut aller voir la licorne ! Elle, elle saura
ce qu’il faut faire.
— Ça va pas la tête ! Personne l’a
jamais vue, ta licorne… Même que mon père
y dit qu’elle existe pas ! objecta le grand Jules
à l’allure dégingandée.
— On peut toujours aller voir en sortant de l’école
! Ça nous coûte rien de passer par le bois
de la Licorne, chuchota timidement le petit Raoul.
— C’e-e-est ça ! Comme ça-a-a,
o-o-n passe-e-ra vraiment pour des i-i-i-idiots ! bafouilla
Louis le bègue.
Dans le fond, ils s’en moquaient tous un peu de
passer pour des idiots tant que le manège survivait.
À seize heures, la petite bande s’engagea
dans le bois. Sous le poids des cartables, ils s’enfonçaient
dans la neige jusqu’aux genoux, les doigts bleuis
malgré les gants de laine. Arrivés à
la clairière, ils ne regrettèrent pas
leurs mains et leurs pieds gelés, le spectacle
était grandiose. |
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LA
CHENILLE À CITROUILLE |
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Cette
année-là, Delphine, la femme du mille-pattes,
était venue me voir, affolée : «
Viens avec moi, il faut faire quelque chose… Martha
tremble de tout son joli corps jaune ! … Ah !
Que je déteste cette période d’Halloween
! » Martha, c’est ma copine, la plus belle
citrouille du champ de l’oncle Paul. Elle était
dépressive dès qu’octobre arrivait,
elle ne pensait qu’à ça ! Moi, Halloween,
ça ne m’a jamais fait peur… Une chenille
verte, ça n’a rien à craindre en
cette saison !
C’est vrai que dans le champ de l’oncle
Paul, tous les ans, ça taillait et ça
retaillait à tour de bras, ça creusait
et ça recreusait : des yeux méchants,
des bouches narquoises et édentées, toujours
béantes ! Et personne ne sait qu’une citrouille,
ça ressent… ça pense ! Le simple
fait de lui poser une bougie allumée dans le
ventre, ça la fait vomir ! D’ailleurs,
c’est bien simple, on dirait du potage. Pendant
longtemps, j’avais cherché comment sauver
Martha et les autres. Eh bien, mordicus ! j’avais
trouvé. L’idée m’était
venue en surfant sur Internet - je suis une chenille
avant-gardiste ! Sur un site de location de citrouilles,
j’avais déniché cette annonce :
« Beaux appartements avec vue sur potager ».
Des prix vraiment modérés… Alors,
j’avais lancé l’information dans
un forum : « Ne soyez plus victime d’Halloween
! Pensez simple et rationnel ! Achetez des citrouilles
pour les louer. »
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BONHOMME
CRUT ALUNIR |
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Bonhomme
n’était plus un enfant. Ce n’était
pas un adulte pour autant. Que s’était-il
passé pendant sa croissance ? Nul ne le savait,
il mesurait à peine un mètre vingt. D’habitude,
il regardait ses feuilletons préférés
à la télévision, dès la
sortie de l’école. C’était
Thierry la Fronde, Ivanhoé ou L’homme à
la voiture rouge. Mais ce jour-là, le 12 avril
1961, il était absorbé par les informations.
L’évènement était d’importance
: Youri Alexeïevitch Gagarine venait d’accomplir
le premier vol spatial à bord de la capsule Vostok-1
: cent huit minutes autour de la Terre ! C’était
fabuleux !
Alors, pour prolonger le rêve, Bonhomme décida
de construire sa propre fusée. « Faut pas
voir trop grand au début, disait-il. Je vais
attendre le 14 juillet pour récupérer
des rampes de lancement restées sur place, ça
fera l’affaire. » Il aurait bien aimé
envoyer une petite fourmi dans l’espace mais quand
le grand jour arriva et que la machine fut prête,
il n’y en avait pas une à l’horizon.
Pas folles, elles s’étaient toutes terrées
dans leur fourmilière ! Un peu chagrin de ne
mettre personne à bord, Bonhomme déclencha
la mise à feu. Il y eut une forte détonation
suivie d’un éclair et quelques dizaines
de mètres plus loin, un gros pied d’artichaut
explosait dans le jardin du père Revêche.
Il portait bien son nom, celui-là ! Mais cette
fois, son incursion chez Bonhomme était justifiée.
Les dégâts n’étaient pas considérables
mais la discipline, c’est la discipline ! Le père
du spationaute en herbe, un peu contrarié, promit
au père Revêche qu’il allongerait
les oreilles de son fils d’un bon mètre. |
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L’ÉVADÉ
DU PRÉSENT |
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Mais son protégé, c’était
le petit bonhomme en fer-blanc, posé sur le marbre
de la cheminée, qui ressemblait à un employé
de bureau de la IVe république . On aurait dit
qu’il attendait quelque chose. Mais quoi ? Plus
Guillaume le regardait, plus il avait l’impression
que cette mécanique peinte aux couleurs de la
tristesse avait envie de lui parler. Avait-il un jour
été vivant ? Pour quelle faute inconnue
avait-il été condamné à
devenir un jouet ? Et, dans son dos, cette clef qui
avait perdu son utilité l’intriguait.
Ce soir-là, en l’embrassant avant d’aller
au lit, Grand-père recommanda à l’enfant
de bien faire attention car la bûche était
encore incandescente. Mais Guillaume ne s’approchait
jamais du feu. Il ne voulait pas vivre la mésaventure
de ce garçonnet aux cheveux roux qu’à
l’école, tout le monde appelait Poil de
carotte. On racontait qu’il était resté
trop près de l’âtre, que les pompiers,
arrivés trop tard, n’avaient pas réussi
à lui éteindre le feu dans la tête.
Pourtant, Guillaume alla vers la cheminée ; le
bonhomme en fer-blanc paraissait si triste qu’il
essaya une fois encore de le remonter. Et comme d’habitude,
la clef buta contre le mécanisme. Au matin, il
avait disparu. Il avait repris sa liberté…
en quelque sorte ! Guillaume, à peine étonné,
marmonna : « Je ne m’étais pas trompé,
il avait quelque chose d’humain ! » |
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LE
BOIS QUI HURLE |
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Je
vivais dans la forêt canadienne depuis ma naissance.
Plusieurs fois par an, je côtoyais les Indiens,
les humains que je préfère. Les seuls,
selon moi, qui ne défigurent pas la nature. Lorsqu’ils
coupent une branche ou qu’ils tuent un animal,
c’est parce qu’ils en ont besoin pour survivre.
Puis un jour, les hommes blancs sont venus. Ils ont
déboisé et apporté des nuisances
en même temps que le superflu. Et ce superflu,
en ce qui me concerne, prit la forme d’une usine
de jouets.
Alors, j’ai hurlé !
J’ai hurlé parce que je ne voulais pas
partir dans ce camion qui m’avait pris au piège
!
Je ne voulais pas de ce sort, je n’avais pas le
courage.
J’ai sué ma sève et c’était
de leur faute !
La faute des hommes des villes, comme toujours !
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PAS
FOLLE L’HERMINE ! |
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C’était un hiver terrible. Les lacs et
les rivières avaient gelé sur plus de
trente centimètres. Au creux des branches du
vieux chêne, avec pour seul éclairage la
lanterne de Lily la luciole, six petites mésanges
bleues écoutaient, les yeux écarquillés,
l’histoire que leur racontait le hibou aux bigoudis
:
« Il y a bien des années de cela, il y
avait un joli petit village dans la plaine, derrière
vous. Un après-midi d’hiver, d’énormes
grenouilles d’acier l’encerclèrent.
Sur leurs flancs, de grosses croix noires annonçaient
de mauvais présages. Elles avaient de longs nez
qui crachaient du feu. En un éclair, le village
s’affaissa sur lui-même et disparut dans
un nuage de poussière. C’est à ce
moment-là qu’Hermine de la Feuille de Chêne
rouge émergea des décombres tout en toussotant
et en secouant son beau poil blanc. “Il n’y
a vraiment pas moyen de faire ses courses tranquillement,
ici !” s’exclama-t-elle.
De ces monstres d’acier sortirent des petites
grenouilles, puis un gros crapaud avec le poitrail couvert
de médailles s’approcha d’elle :
“Nous voulons vos châtaignes !”
dit-il, d’un ton agressif.
Hermine de la Feuille de Chêne rouge le toisa
des pieds à la tête avant de répondre
sèchement : “Un peu de patience mon
ami !”
Il ajouta du tac au tac : “Mais… chère
petite bestiole, j’ai tous les droits ! Nous sommes
en guerre… au cas où vous l’auriez
oublié !”
Il en fallait plus pour déstabiliser Hermine
: “Ne soyez pas vulgaire ! Lorsque vous m’aurez
baisé la patte, peut-être vous inviterai-je
à vous régaler dans mon château...
Au menu, je pourrais vous proposer en apéritif
un délicieux vin de pucerons, ensuite du pâté
de corbeau en croûte et pour finir, des fraises
vertes. Mais cela, seulement si vous êtes bien
correct avec moi ! … Et il y aura même une
surprise à la fin !” |
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L’INTRUS
DU SABOT DE NOËL |
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Cette
année-là, le Père Noël avait
fait fort… très fort. La nouvelle paire,
rouge vermillon, lui faisait mal au bout des pieds.
— C’est sûrement le Père
Fouettard qui s’est miniaturisé pour squatter
l’intérieur de mes sabots. J’en ai
marre… mais alors, qu’est-ce que j’en
ai marre ! marmonna Jeremy.
— Que dis-tu ? demanda Hippolyte.
— Rien... Enfin, si ! Je remerciais le Père
Noël pour ces beaux sabots tout neufs ! répondit
l’enfant en pensant si seulement je pouvais
les brûler...
Son pied ne trouvait pas sa place dans celui de gauche.
Il prit une lampe pour éclairer l’intérieur
et se trouva nez à nez avec un superbe rongeur
qui venait d’emménager avec un petit lit
en bois sculpté et une armoire remplie de noisettes.
— Voilà pourquoi j’ai mal ! Je vais
te jeter dehors, sale rat !
— Excusez, mon p’tit gars ! Pas rat…
J’aime pas du tout ce terme ! Je suis un mulot
!
L’enfant éclata de rire devant tant d’impertinence.
Il attrapa la petite bête, la posa sur sa table
et s’accroupit pour être à sa hauteur.
— Mais... tu as un petit ruban rose autour
du cou… tu es une fille !
— Ben quoi ? Personne n’est parfait
! Je m’appelle Cerise. Tope là ! rétorqua-t-elle
en lui tendant sa petite patte.
Jeremy hésita… puis s’exécuta,
déjà content de cette rencontre :
— Je dois bien te dire que je n’ai pas beaucoup
de copains… ni de copines d’ailleurs !
— Eh bien… je serai ta nouvelle amie !
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LE
POULAIN BLANC DE DÉCEMBRE |
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Au
matin du 25, toute la ville était au rendez-vous.
Jeanne aussi ! Les chevaux de César, bien reconnaissables
à la couleur de leur robe, étaient au
départ. Placé dans la tribune d’honneur,
l’éleveur ne voyait que ce qu’il
voulait voir : ses beaux pur-sang sur le gazon. Tous
les chevaux s’élancèrent sur la
piste sauf les siens qui restaient immobiles sur la
ligne ; ils s’étaient métamorphosés
en chevaux de bois ! Le spectacle s’était
transformé en cauchemar. Il quitta la tribune
sous les quolibets . Il était ruiné !
La prédiction de Jeanne s’était
accomplie. Bien décidé à se venger,
il décrocha son fusil, mit une douzaine de cartouches
dans ses poches et se dirigea d’un pas rapide
vers la roulotte de la bohémienne. Lorsqu’il
pointa son canon sur elle, elle crut sa dernière
heure arrivée. Heureusement, le petit poulain
fugueur intervint, interpellant César de sa voix
fluette :
— J’ai un marché à te proposer,
tu ne peux pas le refuser !
Un poulain qui parle ! César se gratta la tête,
il avait l’impression, depuis ce matin, de vivre
dans un autre monde :
— C’est bien la première fois que
je négocie avec un poulain… mais au point
où j’en suis… parle donc !
— Tu as gâché le plaisir des enfants,
c’est impardonnable ! Remets le manège
en état. Tu as jusqu’au coucher du soleil.
Il ne demanda même pas ce qu’il gagnerait
en échange. Habituellement, lorsqu’il discutait
avec les maquignons, rien ne lui échappait, il
avait toujours le bon argument. Aujourd’hui, il
ne comprenait plus rien.
Les enfants se lamentaient devant le manège inutilisable
; c’était bien vrai qu’il n’avait
pas le choix. Le petit poulain précisa alors
:
— Si tu te rachètes, la course d’aujourd’hui,
à laquelle tu n’as pas pu participer, sera
annulée. Une autre aura lieu demain. Fais ce
que tu dois et tes chevaux courront.
Le soir même, le manège était réparé.
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LES
PIERRES PRÉCIEUSES DES LOWLANDS |
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Un jour, Alison acheta un livre de sir Arthur Stanley
Eddington, un astronome et physicien anglais célèbre
pour ses recherches sur le mouvement des étoiles.
Est-ce un hasard si justement, ce jour-là, elle
fit quelque chose d’inhabituel ? Elle, qui avait
un esprit si cartésien, alla à la cathédrale
Saint-Gilles, faire un vœu. Pas pour elle mais
pour ses parents. Oh, pour demander juste une petite
bricole… simplement qu’ils aient une vie
décente ! Qui ne risque rien n’a rien !
pensa-t-elle en pénétrant dans la grande
bâtisse froide.
Alison avait oublié son vœu quand elle rentra
pour les vacances, avec honneurs et diplômes.
Elle avait réussi tous ses examens. Eliott était
si heureux qu’il pleura de joie ! Elle se garda
bien de lui parler du livre d’Eddington. Il aurait
dit, à coup sûr : « C’est pas
un Écossais, ton gars ! » et elle n’aurait
pas osé lui répondre qu’il ne l’avait
pas fait exprès. Son père était
si fier d’elle qu’elle ne voulait, à
aucun prix, lui faire de la peine. Il avait coutume
de raconter que s’il n’avait pas pu fréquenter
l’école c’était parce que
les rats avaient grignoté ses livres ! À
cette époque, une bouche à nourrir ne
devait pas être une charge pour la famille alors,
il fallait travailler très jeune. Une fois, elle
avait entendu son grand-père dire : « Lorsque
j’étais petit, on pleurait la mort d’une
vache, pas celle d’un enfant » et il avait
ajouté qu’à la campagne, les gens
avaient plus de chance qu’à la ville car
eux avaient un potager. Alors, depuis longtemps, elle
avait compris pourquoi son père voulait tant
qu’elle échappe à cette dure réalité.
L’été était bien là.
Vingt degrés au thermomètre, en Écosse,
c’était la canicule ! Alison flânait
autour de la maison. Elle alla s’asseoir sur les
rochers avec le livre d’Eddington mais elle dut
rapidement arrêter sa lecture car la lumière
qui se reflétait sur les pierres l’aveuglait.
Alors une curieuse idée lui vint : Et si ces
roches n’étaient pas de simples roches…
Certaines étaient recouvertes de lichens alors
pourquoi renvoyaient-elles autant de lumière
? Ses cours de minéralogie trouvaient là
un champ d’application inattendu. Elle rentra
précipitamment et demanda au vieil Eliott un
outil pour les gratter.
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Ce
livre est édité par
- Alain Daumont
72 pages couleurs — Format
: 21 x 29,7 cm
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