Décembre 2008

 
Décembre 2008 - Paroles, paroles...
 
 

Ne soyez pas si pressée de croire tout ce qu'on vous raconte et je vais vous dire pourquoi. Si vous vous forcez à tout croire vous allez fatiguer les muscles de votre esprit, après quoi, vous serez si faible que vous deviendrez incapable de croire les vérités les plus simples. Lewis Caroll – Lettre à Mary Mac Donald,1864.
 
On en sait plus sur les vœux que présentera Nicolas Sarkozy le 31 décembre. Sur la forme, au moins. Franck Louvrier, conseiller pour la communication du président, a en effet annoncé, dans un entretien au Figaro daté du samedi 27 décembre, que Nicolas Sarkozy "sera positif, lucide et précis". "Côté forme", explique Franck Louvrier au supplément télé du Figaro, il y aura des nouveautés : le choix de la bibliothèque comme décor "permettra au réalisateur d'avoir un champ horizontal beaucoup plus large et s'adaptera donc parfaitement au format 16/9 des nouveaux écrans de télévision", affirme-t-il. "L'autre nouveauté sera l'apparition, juste avant l'intervention du président, sur fond de Marseillaise, de la tour Eiffel éclairée en bleu, afin de marquer le dernier jour des six mois de la présidence française de l'Union européenne", indique-t-il. Sur le fond, "le président adressera ses vœux aux Français en soulignant ce qu'il mettra en œuvre en 2009 pour faire face aux difficultés", selon Franck Louvrier. "Il continuera les efforts de réforme dans tous les domaines et ne laissera pas les gens au bord de la route. Il sera positif, lucide et précis. Il soulignera qu'un monde nouveau apparaît et qu'on s'y prépare", ajoute le conseiller. Réalisés par un "grand spécialiste du direct", Yves Barbara, réalisateur du journal télévisé du 19/20 sur France 3, les vœux seront pourtant enregistrés "une heure avant la diffusion", contrairement à l'an dernier. L'Élysée veut ainsi pouvoir "incruster un sous-titrage et une traduction dans un médaillon en langue des signes". (Source)
 

 
Décembre 2008 - Joyeux Noël !
 
 

Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
Marcel Proust - À la recherche du temps perdu
 

Joyeux Noël 2008
 

 
Décembre 2008 - Souchon, le chanteur d'à côté
 
 

Les uns croient que les autres se trompent de chemin s’ils ne suivent pas le leur. Louis de Grenade – XVIe siècle --- Les conventions nous tiennent en prison, comme la puce dans la culotte. Yuan Hao-Wen
 
Il est cet homme doux, capable de colères percutantes sur les nuisances et les impostures du temps. Tour à tour baladin délicat de mélancolies qui serrent le cœur, sourcier de bonheurs éphémères et chroniqueur de tendresses vives, poète attentif des espaces de beauté, des parenthèses de liberté. Depuis plus de trente ans, Alain Souchon donne de l'écho à nos émotions et à nos états d'esprit dans une distance aussi joueuse qu'élégante, en faisant résonner les choses de la vie au plus simple et au plus juste. Écoutez d'où ma peine vient, son douzième album réalisé en studio, arrive dans les bacs, en même temps que France 3 diffuse le long portrait-entretien inédit réalisé par Laurent Thessier, interlocuteur de confiance. Alain Souchon, le chanteur d'à côté (coproduction Bobine, Ina), c'est une plongée sans fracas dans l'univers d'un grand pudique embarrassé par l'intérêt qu'on peut lui manifester mais sincèrement touché par la fidélité de son public, toujours prêt à prendre le large en cas de rapprochement intempestif au cœur du sujet. Deux heures nécessairement un peu rêveuses, louvoyant entre les différentes postures du Souchon de la ville, de la campagne, de la mer et de la montagne. Une dizaine de témoins clés parmi tant d'autres envisageables, dont bien sûr Laurent Voulzy, le frère d'élection, alter ego magnifique, compagnon de route idéal. Lire la suite…
 

 
Décembre 2008 - Les justes de Montigny
 
 
André Baccary avait d'abord été leur maître à l'école de la rue Martel à Paris. "Ces vers de Victor Hugo qui sont encore dans ma tête, c'est lui qui me les a fait aimer", dit Henri, émigré à New York depuis la fin de la guerre. "Mais celui qui faisait comme moi le zouave en classe, raconte en riant Roger, il recevait illico sur le pif l'un de ces bouts de gomme très dure qu'il conservait près du tableau." Puis, à partir de la fin 1942, "le père Bacca", comme ils l'appelaient, est devenu leur sauveur. "Il nous a cachés au nez et à la barbe des Allemands, qui avaient installé leur Kommandantur dans le château. Tout le village savait qu'on était juifs, personne n'a jamais parlé. Son autorité imposait le respect, affirme Albert. Les soldats venaient se laver à la fontaine devant la maison. Parfois, en rentrant de l'école, on jouait au foot avec eux. Lui se contentait de grommeler comme toujours : "Il y a des coups de pied au cul qui se perdent." Pour certains d'entre eux, il a aussi été, parfois plusieurs années, un père de substitution : "Une bonté, une chaleur, une force. Lui, mais aussi sa femme Clémence, leur fille Yvonne et leurs trois fils, ils étaient devenus ma vraie famille, ma seule famille", assure Henri, dont le père a été déporté et la mère, partie pour affaires aux États-Unis en 1939, n'avait pu regagner la France. "Nous avions échappé à la grande rafle de juillet 1942. Mais en octobre, ma mère a fait une valise pour mon frère, ma sœur et moi, raconte Édith. André Baccary est venu nous chercher, moi, il m'a pris par la main. Nous sommes d'abord restés cachés dans leur pavillon de Bondy. Puis il nous a conduits en train jusqu'à sa maison de Montigny. J'avais 6 ans." Lire la suite...
 

Les justes de Montigny - Ils ont sauvé des enfants juifs.
André Baccary, instituteur, socialiste, et grand blessé de la guerre de 14-18, a caché une dizaine d'enfants juifs, ses élèves parisiens, entre 1942 et la Libération.
 

 
Décembre 2008 - Le péril jeune
 
 

Durcissement de la justice des mineurs. En prison à 12 ans ? Les magistrats s'insurgent.
 
Un système toujours plus répressif donc, pour venir à bout de cette spirale infernale, la délinquance des mineurs. Les jeunes auraient tellement changé, ils n'auraient plus rien à voir avec ceux que l'ordonnance de 1945 s'attachait à protéger. Eh 1922 pourtant, Émile Garçon, dans son "Traité de droit pénal", écrivait déjà : "Les statistiques les plus sûres comme les observations les plus faciles prouvent, d'une part, que la criminalité juvénile s'accroît dans les proportions les plus inquiétantes et, d'autre part, que l'âge moyen de la criminalité s'abaisse selon une courbe très rapide." Des décennies plus tard, Rachida Dati exige qu'à chaque infraction commise la justice réponde systématiquement par une sanction pénale. A la télé, dans l'émission "À vous de juger", le 16 octobre 2008, elle justifie le durcissement de sa politique en s'insurgeant : "Il y a environ 4 millions de mineurs entre 13 et 18 ans [...]. Il y a 204 000 mineurs mis en cause pour des actes graves. Des mineurs délinquants, Ariette Chabot, c'est des violeurs, des gens qui commettent des enlèvements, des trafics de produits stupéfiants, qui brûlent des bus dans lesquels il y a des personnes." Sauf que la réalité semble tout autre. Le sociologue Laurent Mucchielli, dans une "Note statistique de recadrage sur la délinquance des mineurs", en fait la démonstration, chiffres à l'appui : "Il n'est pas vrai que la délinquance des mineurs ne cesse d'augmenter. Au contraire, la part des mineurs dans l'ensemble des personnes mises en cause par la police et la gendarmerie est passée de 22% en 1998 à 18% en 2007." Lire l’article.
 

 
Décembre 2008 - Parkinson
 
 
En 2002, au CHU parisien de la Pitié-Salpêtrière, deux patients parkinsoniens - par ailleurs atteints de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) - étaient traités par stimulation électrique du cerveau. L'équipe de Luc Mallet avait alors eu la surprise de constater que ces patients étaient bénéficiaires d'une double guérison, au moins partielle : une atténuation simultanée de leurs tremblements (dus à la maladie de Parkinson) et des symptômes les plus invalidants de leurs TOC. Il n'en fallait pas plus pour justifier le lancement d'une étude clinique, concernant cette fois les seuls troubles obsessionnels. Une vaste collaboration, n'impliquant pas moins de 10 CHU, permit de recruter 16 patients qui présentaient une forme de TOC particulièrement sévère. Six ans plus tard, les résultats de l'étude viennent d'être révélés, et ils sont très encourageants : dans leur grande majorité, les patients ont vu leur état s'améliorer grandement. Ceci grâce à l'implantation d'électrodes créant, dans une région précise du cerveau profond, un courant qui éteint l'activité anarchique des neurones. Certes, l'opération est très délicate : le positionnement des électrodes exige "une précision millimétrique", et toutes sortes de paramètres doivent être contrôlés avec minutie. Il s'agit, résume le docteur Mallet, d'"un outil extraordinaire... à manier avec prudence". Car, en vertu d'une sorte d'"effet entonnoir", les ganglions de la base du cerveau sont une zone où se croisent les fonctions cérébrales de toutes natures : pensée, émotions, cognition et processus moteurs. Lire la suite...
 

Parkinson, traitement des troubles par stimulation électrique.
 

 
Décembre 2008 - Prudents et de bon conseil !
 
 

Apparu au XIe siècle (défenseurs des métiers). Développés sous Philippe le Bel, les prud'hommes prennent leur essor au XIXe siècle.
Membres des prud'hommes des marins en 1883. aujourd’hui, ils sont 14 512.
 
Les élections prud'homales sont cruciales pour les syndicats alors que la loi va modifier leur représentativité.
Vous êtes victime d un licenciement abusif, votre contrat de travail n'est pas respecté ou vos heures supplémentaires ne vous sont pas payées ? Si le litige ne se règle pas entre votre employeur et votre représentant du personnel, une seule solution : les conseils de prud'hommes. C'est pour élire 14 512 conseillers prud'homaux que 19,2 millions de salariés, chefs d'entreprise et demandeurs d'emploi de 16 ans ou plus sont appelés à voter le mercredi 3 décembre. Apparu au XIe siècle, le mot prud'homme - prudent, de bon conseil - s'applique alors aux "défenseurs des métiers", en l'occurrence ceux de l'artisanat. Développés sous Philippe le Bel, les prud'hommes prennent réellement leur essor au XIXe siècle, quand Napoléon entend réconcilier les fabricants de soie et les canuts lyonnais... Aujourd'hui, 700 000 recours sont déposés chaque année. 80% d'entre eux donnent raison aux salariés. Les cas sont individuels, mais peuvent bénéficier au collectif. Ainsi c'est un conseil de prud'hommes qui a invalidé pour la première fois en 2006 un contrat nouvelles embauches, qui permettait aux chefs d'entreprise d'embaucher un salarié et de le débaucher au bout de deux ans sans motif de licenciement. L'affaire a fait jurisprudence, et l'Organisation internationale du Travail (OIT) a donné à ce contrat le coup de grâce. Lire la suite…
 

 
Décembre 2008 - Cavaleur épuisé...
 
 
En décembre sur Arte
"Casanova, selon moi, est un personnage stupide. Et c'est cette stupidité grandiose qu'il m'a paru intéressant de montrer." Autant être prévenu. On ne trouvera, chez le Casanova vieillissant de Fellini, aucune des promesses annoncées par le séducteur encore écolier si merveilleusement mis en scène par Luigi Comencini, dans son "Casanova, un adolescent à Venise". Là où Comencini cherchait la vérité, la grâce dans le documentaire, retrouvant le visage d'une Venise populaire et pas encore touchée par la nuée touristique, Fellini filme délibérément une ville de faux-semblants et un héros épuisé par le rôle de cavaleur jusqu'à plus soif que sa légende l'obligeait, estime-t-il, à poursuivre. Venise n'est d'ailleurs guère le théâtre du film, qui se poursuit à Londres, et jusqu'aux environs de Potsdam où le chevalier de Seingalt finit ses jours, bibliothécaire de l'électeur et rédacteur à demi gâteux de Mémoires justificatrices. Film agaçant parfois mais poignant dans sa conclusion, fantomatique comme un cabinet de cires, le "Casanova" de Fellini est un hymne à la mort plutôt qu'à la vie qui faillit, dit-on, assassiner la carrière du comédien qui l'interprète. Starifié par "M.A.S.H.", Donald Sutherland resta en effet de longues années sans tourner, ne réussissant ensuite que par éclairs à rappeler l'acteur qu'il fut. Fellini tuait-il ses interprètes ? On l'a dit et il faudrait le croire, si le souvenir de Mastroianni n'avait démontré le contraire. (Source)
 

L'aube est un mensonge abominable ; et nos jours fatigués d'illusions sont incapables d'aller jusqu'aux soirs de la vie. Siamanto --- Là où Comencini cherchait la vérité, la grâce… le Casanova vieillissant de Fellini montre un héros épuisé par son rôle de cavaleur…
 

 
Décembre 2008 - Le bicentenaire de Barbey d'Aurevilly
 
 

Barbey d'Aurevilly (1808-1889)
 
On fête donc le bicentenaire d'un écrivain qu'on ne lit plus guère, quoi qu'en disent ses ardents thuriféraires, mais qui intrigue toujours. La vérité est qu'on ne sait pas trop quoi faire de ce Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly (1808-1889) auquel, il y a deux ans, portant à l'écran "Une vieille maîtresse", Catherine Breillat a donné une nouvelle et sauvage jeunesse. Oui, quoi faire, à l'heure républicaine de l'athéisme et du déstructuré, de ce plastronnant dandy de 1,73 mètre - gilet de soie rouge, cravate sang de bœuf, canne à pommeau d'or, gants blancs et maquillage - qui, ajoutant l'intégrisme catholique au monarchisme autoritaire, se réclamait de la balance, du glaive et de la croix ? Quoi faire, à l'époque des proses pâles, des fictions minimalistes et des personnages de salles de bains, de ce romancier prophétique et satanique qui invoquait la chouannerie normande, en piquait pour le surnaturel, abusait de l'hémoglobine, des viols, des suicides, s'entourait de héros tourmentés, de prêtres apostats et de femmes démoniaques ? Quoi faire, en ces temps de critique obligeante, d'un chroniqueur tempétueux qui tonnait contre l'Académie française, vomissait les tièdes, et faisait de la purée avec quelques grosses légumes, Hugo, Flaubert, Zola, Sainte-Beuve ? Lire la suite…
 

 
Décembre 2008 - Les snobs...
 
 
Louis XV recracha en public le caviar que venait de lui envoyer le tsar de toutes les Russies. Le pêcheur au début du XXe siècle le donnait à manger aux poules. Penché sur un phénomène hautement versatile et protéiforme, voici que Frédéric Rouvillois, professeur de droit à l'université de Paris- V, avec la même plume élégante qui lui fit explorer la politesse à travers les âges, publie sur le snobisme une distrayante et non moins sérieuse étude: tout y est, depuis l'ancestral engouement pour la particule aux status bags (les sacs indicateurs de statut social) aujourd'hui aux bras des distinguées. Lire la suite...
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Histoire du snobisme Février 1914 : une grande enquête est lancée pour déterminer le sujet le plus "parisien" du moment. Alsace-Lorraine, tensions avec l'Allemagne, poudrière des Balkans ? Erreur. La réponse est : Bergson. Les élégantes qui se pressent aux cours du philosophe s'arrachent d'ailleurs la dernière robe du grand couturier Worth, joliment appelée "M. Bergson a promis de venir..." Chers snobs, que le Collège de France préoccupe davantage que la guerre qui menace. Bergsoniens à la Belle Époque, ils ont été amateurs de loirs au miel dans l'Antiquité, bourgeois gentilhommes ou précieuses ridicules au Grand Siècle, Incroyables ou Merveilleuses sous le Directoire, fashionables sous la Restauration... mais il leur a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour connaître la consécration, grâce au livre du romancier anglais Thackeray, Le Livre des snobs, acte de baptême du snobisme.
 

Le pêcheur au début du XXe siècle donnait le caviar à manger aux poules. --- Louis XV recracha en public le caviar que venait de lui envoyer le tsar de toutes les Russies !
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Dûment nommés, nos snobs s'habillent à l'anglaise et courtisent les clubs chic, convoitent l'onction du titre de noblesse ou de la particule, s'émerveillent de la mise du comte d'Orsay, de Boni de Castellane, d'Oscar Wilde ou du prince de Galles. Après la Grande Guerre, la séduction du grand monde finit par se tarir. Fleurit alors un snobisme nouveau, aujourd'hui plus vivace que jamais : il faut être dans le vent, ou mourir ! Goûter l'art cubiste puis abstrait, quand la foule en est aux impressionnistes ; s'affoler de la cuisine dite nouvelle pour, quand elle vieillit, célébrer les élucubrations chimiques de chefs inspirés... Ridicules, les snobs ? Avant de leur jeter la pierre, faites votre examen de conscience, en méditant le propos du maître en snobisme que fut Robert de Montesquiou : "il faudrait manquer d'esprit pour ne pas être snob"... (Source)
 
 
 
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