|
|
|
|
Mai
2009 - Les lettres de Colette à Missy |
|
|
Missy en "marquise de Morny" / Elle se faisait appeler
«Max», fumait le cigare. Elle se suicida le 29 juin
1944 en mettant sa tête dans la gazinière. C'était
Mathilde de Morny, la fille du duc de Morny. |
|
Elle
se faisait appeler "Max" ou "Oncle Max".
Elle s'habillait en costume trois pièces, portait les
cheveux courts sous le haut-de-forme et fumait le cigare. A
la fin de sa vie, après avoir subi une hystérectomie
et l'ablation des seins, elle ressemblait à un vieux
monsieur désemparé. Elle se suicida le 29 juin
1944 en mettant sa tête dans la gazinière. C'était
Mathilde de Morny, la fille du duc de Morny et la femme, très
provisoire, du marquis de Belbeuf. "Missy", pour les
intimes. Elle fut sans doute la femme la plus conspuée,
insultée, vilipendée de la Belle Époque,
qui tolérait les amours saphiques mais condamnait le
travestissement. Et plus encore son spectacle. Lorsqu'elle monta,
en 1907, sur la scène du Moulin-Rouge pour jouer un rôle
d'homme dans une pantomime qu'elle avait écrite, "Rêve
d'Égypte", le public hurla : "À bas
les gousses !", la presse se déchaîna contre
"cette désexuée au visage de plâtre
mou", et le préfet de police Lépine fit interrompre
les représentations. La momie dénudée qui
sortait du sarcophage et tendait ses lèvres à
Missy pour le baiser de la résurrection, c'était
Colette. Elle avait 34 ans, se séparait de son mari et
Pygmalion, Willy, pensait même à se tuer et cherchait
un amour protecteur, "un compagnon fidèle et honnête".
Ce fut la scandaleuse Missy. L'auteur des "Claudine",
qui était déjà une ingénue libertine
et ferraillait contre les conventions, partage alors son temps
entre la comédie et l'écriture. Lire
la suite…
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - José Castelar "fabricant de cigares cubains" |
|
|
La
Havane - Le Cubain Jose Castelar est entré mercredi pour
la quatrième fois dans le livre Guinness des records
en présentant un "Havane" de 43,38 mètres,
lors de la clôture de la 29e foire internationale du tourisme
à Cuba. C'est le cigare roulé le plus long du
monde.
Agé de 65 ans et rouleur de cigare depuis 50 ans, il
a pulvérisé cette année son propre record
après n'avoir cessé d'améliorer sa création
au fil des années. Il figurait déjà dans
le Guinness Book en 2005 avec un cigare de 20,41 m de long.
Jose Castelar a mis cinq jours, en travaillant quotidiennement
en moyenne 10 à 12 heures, pour réaliser ce cigare
qui, a-t-il précisé, n'est pas fait pour être
fumé.
Il a reconnu qu'il n'était pas un fumeur impénitent,
se contentant que d'un "puro" par jour. Cuba exporte
annuellement pour 400 millions de dollars de Havanes dans 150
pays. (Source)
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
|
Chaque année, un cigare plus long !
"millésime 2009 : 43,38 m" |
|
|
|
|
Mai
2009 - Germaine Tillion |
|
|
Née en 1907 à Allègre (Haute-Loire)
ethnologue et historienne.
Résistante de la première heure.
Morte le 19 avril 2008 dans sa 101e année. |
|
Disparue il y a un an, Germaine Tillion n'était pas de
l'espèce qui, comme Valmont, "se lasse de tout".
Jeune ethnologue à dos de mule dans les Aurès
en 1935, résistante de juin 1940, déportée
à Ravensbrück, observatrice déchirée
de la guerre des "ennemis complémentaires"
en Algérie, elle avait sondé l'horreur des hommes
("le versant atroce") sans renoncer à les aimer.
"Je ne me suis jamais considérée que comme
un simple témoin...", écrit-elle pourtant.
Quel témoin, alors ! Qui arracha à la mort des
dizaines de condamnés, se fit injurier par le général
Massu pour avoir dénoncé la torture systématique
en Algérie, mais aussi par Simone de Beauvoir pour n'en
être pas devenue une "porteuse de valises".
Toujours elle assuma - à la manière de Camus -
sa "poignante tendresse pour [sa] patrie" et, partant,
le tragique de sa position "centriste" ("entendons
par là que je ne haïssais frénétiquement
personne"), intervenant tant pour des "terroristes"
algériens que pour des putschistes emprisonnés.
La force de ces "Fragments de vie" ne tient pas seulement
à l'héroïsme discret de Tillion, à
la modestie lumineuse de son humanisme ou à la justesse
de ses engagements. Elle tient d'abord à la révélation
d'une méthode d'enquête et de réflexion
née à l'épreuve d'une vie entière
: cette idée, qui trouve sa source dans les villages
chaouias d'Algérie, et se forgea dans l'univers concentrationnaire,
qu'on ne devrait pas "observer les autres sans s'observer
préalablement soi-même", ou bien que "les
événements vécus sont la clé des
événements observés". Lire
la suite... |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Nintendo, l'après Mario... |
|
|
À
Kyoto, les visiteurs du musée peuvent emporter avec eux
leur console Nintendo. Après l'avoir chargée à
une borne située près de l'entrée, ils
se promènent, casque aux oreilles, écoutant sagement
les descriptions des merveilles de l'art bouddhique exposées.
Ce service est le dernier-né du groupe japonais, qui
veut sortir sa console des sentiers battus des jeux pour en
faire un compagnon de la vie quotidienne, un objet usuel comme
le téléphone. Alors que Sony, Panasonic et les
autres leaders de l'électronique japonaise trébuchent,
Nintendo ignore la crise et affiche des performances record
: il vient d'annoncer un profit de 2,1 milliards d'euros pour
14 milliards de ventes. Alors, pour une fois, la direction a
montré le bout de son nez, à Tokyo en avril dernier,
pour annoncer la nouvelle version de la DSi. Satoru Iwata (49
ans), le PDG un peu guindé, et Shigeru Miyamoto (56 ans),
le créatif surnommé le "Spielberg du jeu
vidéo", nettement plus décontracté,
ont répondu à la presse. Ce tandem veille avec
attention au destin de Mario, le héros fétiche
des jeux vidéo de la maison. Un tantinet intimidées
par les flashs, les deux têtes pensantes sont sorties
de l'ombre. Car, bizarrement, très loquace pour promouvoir
ses produits, Nintendo entretient le mystère autour de
son fonctionnement interne. Rares sont les journalistes invités
à son siège de Kyoto ou ayant interviewé
ses dirigeants.
Lire la suite… |
|
Le groupe veut élargir l'univers de ses consoles à
d'autres activités : carnet médical électronique,
manuels pour lycéens… / d’après Shigeru
Miyamoto / Mario le petit plombier |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Destruction des halles de Baltard |
|
|
Alphonse Allais avait imaginé le prolongement du boulevard
Saint-Michel jusqu'à la mer. / Entre les deux guerres,
le plan Voisin concocté par Le Corbusier prévoyait
de raser le centre de Paris ! |
|
Alphonse
Allais avait imaginé le prolongement du boulevard Saint-Michel
jusqu'à la mer. Récemment Nicolas Sarkozy parlait
d'un Grand Paris qui pourrait s'étendre jusqu'au Havre.
Alphonse Allais disait aussi qu'il faudrait construire les villes
à la campagne parce que l'air y est plus pur. La rurbanisation
a donné corps à cette autre galéjade. Cinquante
ans de politique du patrimoine, c'est cinquante ans de pilotage
à vue entre réalisme et idéalisme, règles
strictes et accommodements multiples. En créant un ministère
pour André Malraux, le général de Gaulle
a fait de la culture un élément essentiel du prestige
de la France. Dans le prolongement des lois précédentes,
la politique du patrimoine aura pour priorité la protection
des plus beaux monuments. La loi de 1962 sauvegardera les quartiers
historiques. Ainsi les centres-villes promis à destruction
par la sainte alliance de l'utopie architecturale et de la rapacité
des promoteurs pourront-ils être sauvés. Il faut
se rappeler qu'entre les deux guerres le plan Voisin concocté
par Le Corbusier prévoyait de raser le centre de Paris
(Notre-Dame exceptée) pour y construire des tours disposées
en damier... C'est Malraux également qui mettra en place
un début de réglementation sur les fouilles et
découvertes archéologiques et qui par la loi du
31 décembre 1968 sur la dation d'œuvres d'art en
paiement de droits de succession évitera que de nombreux
tableaux ne quittent le territoire national. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Ampoules basse consommation |
|
|
Recyclable,
cinq fois moins gourmande en énergie que son aînée
à incandescence pour une durée de vie dix fois
plus longue : la lampe fluocompacte est présentée
comme le Saint-Graal de l'écologie, l'écogeste
minimal. À côté d'elle, l'invention d'Edison
fait figure d'hérésie environnementale puisque
la gloutonne restitue 95% de l'énergie électrique
en chaleur - à l'heure de Kyoto, ça fait tache.
Nous voilà donc priés de troquer nos bonnes vieilles
ampoules contre cette lumière blafarde qui plonge le
salon dans une ambiance de parking. Dès septembre prochain,
les modèles à incandescence de plus de 80 W et
les ampoules dépolies seront privés de rayon.
Et, chaque année jusqu'en 2012, une catégorie
de plus se verra refuser l'accès à nos supermarchés.
Dans l'intérêt de la planète. Mais pas si
vite! Car la lampe fluocompacte recèle de nombreuses
zones d'ombre. Bien que "verte", elle pollue. Elle
est même classée "déchet dangereux",
car elle contient du mercure. Certes, 5 mg au maximum, soit
100 fois moins qu'un ancien thermomètre. Mais 5 mg multipliés
par des millions d'ampoules jetées chaque année,
cela ne fait pas très propre. Alors, en 2005, plus de
vingt ans après les premières "basse conso",
on a créé Récylum (www.recyclum.com), un
organisme chargé de gérer la filière de
recyclage. Selon Récylum, 93% du poids total de l'ampoule
est recyclé... mais pas le mercure ni les poudres fluorescentes
qui, eux, sont "neutralisés", c'est-à-dire
enfouis dans des installations de stockage de déchets
ultimes et stabilisés ! Plus inquiétant encore :
en 2008, 31% seulement des lampes fluorescentes mises sur le
marché ont été traitées. Ce qui
laisse une bonne dose de mercure et de poudres dans les poubelles,
dans la nature...
Lire la suite… |
|
Précaution ! … on brise une ampoule : ventiler
la pièce, ramasser les débris avec un balai (pas
d’aspirateur à cause des particules collées
sur le filtre) / De la part du centre de recherche et d'information
sur les rayonnements électromagnétiques ! Risque
de maux de tête à moins de 30 cm, états
dépressifs, difficultés de concentration, etc.
alors, éviter la lampe de bureau !!! / "Mon nom,
Edison"
"La lampe la moins dangereuse est encore celle qui est
éteinte !" A.D. |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Guadeloupe, les émeutes de mai 1967 |
|
|
Émile Ernatus, retraité de 63 ans, vit dans un
appartement modeste de Morne-la-Loge. Les 26 et 27 mai, il va
célébrer la révolte des esclaves de 1802.
|
|
Tout
est bien rangé, comme souvent chez les retraités.
Pas de poussière sur les meubles encaustiqués,
pas de bazar sur la table. Émile Ernatus, jeune retraité
de 63 ans, vit dans un appartement modeste de Morne-la-Loge.
Alors que les 26 et 27 mai la Guadeloupe va célébrer
la révolte des esclaves de 1802 et qu'une commission
mise en place par Yves Jégo va tenter de faire la lumière
sur la répression policière d'un autre 26 mai,
en "Mè 67", cet ancien professeur de sciences
économiques et sociales dans un lycée des Abymes
a accepté pour la première fois de se raconter.
Ses souvenirs frais et intacts font écho à ceux
d'une île où les souvenirs de l'esclavage sont
encore vivants, et où témoigner sur les violences
de l'État reste encore un tabou. Émile Ernatus
se souvient des histoires de sa mère couturière.
"Mon grand-père paternel est né avant l'abolition
de l'esclavage, en 1846. Ma mère, originaire de Pointe-Noire,
nourrissait ses onze enfants de récits. Je me souviens
qu'elle racontait l'histoire de cet esclave qui ne sentait pas
les coups de fouet que lui donnait son maître, mais qui
provoquaient en revanche une grande douleur chez son épouse.
Ma mère disait aussi que dans les plantations, quand
un enfant de maître mourait, tous les esclaves du domaine
étaient obligés de saluer la dépouille
avec la même formule : Aie aie aie, le petit
maître est mort. Le commandeur de la plantation sonnait
ensuite la fin des pleurs : Aie aie aie ti mèt mô.
Assé pléré, laissé pou on ot !
(cessez de pleurer, gardez-en pour les autres occasions !)."
Lire
la suite...
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Aung San Suu Kyi |
|
|
Un
don Quichotte américain éperdu d'admiration pour
Aung San Suu Kyi a fourni à la junte birmane un prétexte
inespéré pour durcir les conditions de détention
de celle qui incarne depuis vingt ans l'aspiration du pays à
la démocratie. Vétéran du Vietnam et mormon,
John Yettaw, 53 ans, avait déjà tenté en
novembre de prendre contact avec l'opposante assignée
à résidence dans sa maison des rives du lac Inya,
en plein cœur de Rangoon. Il souhaitait remettre à
cette fervente bouddhiste une... Bible. Mais l'entourage du
prix Nobel de la paix 1991 l'en avait dissuadé, soulignant
les risques qu'une intrusion pouvait faire courir à Aung
San Suu Kyi aux termes de la législation militaire. En
vain. John Yettaw, revenu en Birmanie, a traversé dans
la nuit du 3 mai le lac Inya pour se glisser dans la maison
où vit la présidente de la Ligue nationale pour
la Démocratie (LND). Après avoir été
sur le point de le livrer à la police, elle a fini par
autoriser Yettaw, qui disait souffrir de crampes, à dormir
sous son toit. C'est lorsqu'il s'est remis à l'eau qu'il
a été intercepté par la police et jeté
en prison. Mais il a fallu plus d'une semaine aux généraux
pour entrevoir tout le bénéfice qu'ils pourraient
tirer de l'intrusion de celui qu'ils présentent comme
un "élément subversif" et que les avocats
d'Aung San Suu Kyi tiennent pour un "imbécile".
Jeudi dernier, l'opposante, accusée d'avoir violé
son assignation à résidence, a été
arrêtée et transférée à la
sinistre prison d'Insein, où croupissent une partie des
2100 prisonniers politiques de la junte.
Lire la suite… |
|
John Yettaw a fourni à la junte birmane le prétexte
inespéré pour durcir les conditions de détention
de Aung San Suu Kyi ! / John Yettaw. C’est à la
nage aidé de palmes qu’il a traversé le
lac Inya et a gagné la maison de Aung San Suu Kyi. |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Ces réseaux… qui ont le pouvoir |
|
|
Francs-maçons, énarques, blogueurs, gays. "Ils
s'entraident pour faciliter leur ascension." / "L’homme
est un animal social ! Les profs, les étudiants, les
anciens élèves, les cuisiniers... tout le monde
fonctionne en réseau." Jean-Robert Pitte, géographe
|
|
Sa
disparition a révélé son existence. Depuis
cinquante ans, les "22" se réunissaient une
fois par mois. Recevaient chefs d'État et Premiers ministres,
les conseillaient, les influaient. Rien ne devait sortir du
cénacle, c'était la consigne. Au mois de décembre
2008, le Club des 22 s'est autodissous, faute de renouvellement.
Ces membres Yves Guéna, Roland Dumas, Stéphane
Hessel, ou un peu plus tard Gaston Defferre, étaient
d'anciens résistants. Ils constituèrent, en 1958,
un réseau parfait : un cercle refermé autour d'un
intérêt commun - une conception gaulliste de la
France -, menant une activité secrète et exerçant
une influence sur le pouvoir. Aujourd'hui, les réseaux
triomphent en France. Une tradition importée d'Angleterre
au Siècle des Lumières. Logique, la société
de l'Ancien Régime cantonnait les hommes à leur
naissance et n'offrait que peu de possibilité d'ascension.
"Or l'homme est un animal social, rappelle le géographe
Jean-Robert Pitte. Les profs, les étudiants, les anciens
élèves, les cuisiniers..., tout le monde fonctionne
en réseau, c'est tout simplement humain." Il suffit
de feuilleter l'annuaire d'Alain Marty "Réseaux
d'influence. Le guide des clubs en France et dans le monde"
(Ramsay) pour s'en convaincre. Le Club des Cent (gastronomie)
ou des 40 (chefs d'entreprise quadras, fondé par Jean-Marie
Messier), celui des croqueurs de chocolat ou des fumeurs de
cigare, l'association des anciens d'HEC ou de Polytechnique,
celle des Corses ou des Bretons... La mécanique est toujours
la même : un centre d'intérêt commun qui
peut parfois être un simple alibi.
Lire la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Johnny Hallyday, notre homme à Hongkong |
|
|
La
dernière fois qu'on l'avait vu dans un film en compétition,
c'était en 1985, pour "Détective", film
noir du "plus con des Suisses prochinois" (Godard,
dixit Debord). Cette année, il y sera pour "Vengeance",
le nouveau thriller du "plus frappant des Chinois de Hongkong"
: la rencontre de Johnny H. et de Johnnie T. est un événement.
L'histoire de "Vengeance" ? Un père débarque
à Hongkong pour venger sa fille, victime de tueurs à
gages. Sur son passeport, on lit : "cuisinier". Vingt
ans plus tôt, il était tueur professionnel. Aujourd'hui,
il perd la mémoire et doit faire au long de sa quête
des polaroids de tous ceux qu'il croise, pour ne pas oublier
qui sont les amis, qui les ennemis. Le style To (vingt ans de
carrière et quelques sommets : "The Mission",
"Breaking News" et "Élection 1 et 2")
? Virtuosité des cadrages, science du découpage,
maîtrise de l'action et violence chorégraphique.
Ses influences ? La tension lente de Melville, les ralentis
explosifs de Peckinpah, la violence rédemptrice de Chang
Cheh - qui ont en partage le code de l'honneur et l'amitié
virile. Répliques cultes ? "On aurait dû tuer
le Blanc", "I'm a total stranger here", "Who
are you ? A chef". Dans "Vengeance", Johnny s'appelle
Costello, comme Alain Delon dans "le Samouraï".
La lourde pluie tropicale a remplacé
le crachin parisien, les néons de Kowloon, les lampadaires
des Champs-Élysées et les triades, le milieu.
|
|
" Vengeance" un thriller signé Johnnie To
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
Johnny, borsalino, trench noir Burberry (modèle court),
cravate anthracite, visage en lame de couteau, les yeux bleu
gitane presque bridés à force d'être fatigués,
est un samouraï errant impeccable. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - "L’enfer" de Clouzot (1907-1977) |
|
|
Personne n'a vu ce film où le cinéaste dirigeait
Romy Schneider et Serge Reggiani. "185 bobines de pellicule
gisaient depuis quarante-cinq ans dans un entrepôt."
Recomposé et présenté à Cannes cette
année 2009. |
|
C'est
un naufrage magnifique : "l'Enfer", avant-dernier
film d'un des plus grands réalisateurs français,
Henri-Georges Clouzot, n'a pas été achevé,
n'a jamais été vu, et les 185 bobines de pellicule
gisaient depuis quarante-cinq ans dans un entrepôt. Présenté
à Cannes hors compétition, le film "recomposé"
est un puzzle ahurissant, où passe le visage magique
de Romy Schneider, où Serge Reggiani exhibe "sa
trogne de marron sculpté" et où Clouzot lui-même,
égaré, dur, est englué dans une demi-folie
provoquée par la mort de sa femme Vera. Ces bribes aux
couleurs violentes, ces images démultipliées,
ces plans inspirés de Calder, ces fantasmes morbides
(muets, car la bande-son s'est évaporée), tout
mène à la jalousie terrible, maladive, funèbre,
d'un hôtelier, Marcel, pour son épouse, Odette.
C'est comme un incendie qui ravage tout, la pellicule, les corps,
les âmes. Clouzot règle ses comptes avec une morte.
"Tout a commencé par une rencontre dans un ascenseur",
explique Serge Bromberg, maître d'œuvre de cette
reconstitution, passionné de vieux films, détective
du 35 mm. Il y a deux ans, il passe deux heures coincé
entre le 5e et le 6e étage avec une dame. Il raconte
son métier, elle lui confie un souvenir. Bromberg écoute.
C'est Inès Clouzot, la dernière épouse
du cinéaste. Elle parle de "l'Enfer", film
englouti, et précise que les bobines existent, mais sous
séquestre. La compagnie d'assurance les a rangées
dans un coin. Bien sûr, Claude Chabrol a repris le scénario
de Clouzot en 1994, et en a tiré un film du même
titre, avec François Cluzet et Emmanuelle Béart.
"Mais Clouzot avait en tête une autre œuvre,
en rupture totale avec le passé, où il réinventerait
le cinéma", précise Bromberg. Fin 2007, la
chasse commence. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Emil Cioran |
|
|
La
scène se passe en Roumanie dans les années 1930
du XXe siècle, c'est-à-dire nulle part. Il y a
là un fils de pope particulièrement brillant et
agité : Cioran. Il souffre, il déteste son pays,
il suffoque, il n'en peut plus, il rêve d'un grand chambardement
révolutionnaire, il est mordu de métaphysique
mais son corps le gêne, il désire de toutes ses
forces un violent orage. Le voici : c'est Hitler. A partir de
là, crise radicale : Cioran appelle son pays à
une totale transfiguration. Il a 22 ans à Berlin, la
fascination a lieu, il s'engage : "Celui qui, entre 20
et 30 ans, ne souscrit pas en fanatique, à la fureur
et à la démesure, est un imbécile. On n'est
libéral que par fatigue." Le ton est donné,
et l'embêtant est que cet enragé très cultivé
est plein de talent. Il a besoin de folie, dit-il, et d'une
folie agissante. Il fait donc l'éloge de l'irrationnel
et de l'insensé, il a envie de faire sauter les cimetières,
il nie, en Oedipe furieux, le christianisme mou de son curé
de père, il prend le parti de sa mère, pas croyante,
mais qui fait semblant. On se frotte les yeux en lisant aujourd'hui
les articles de Cioran dans "Vremea", journal roumain
de l'époque : "Aucun homme politique dans le monde
actuel ne m'inspire autant de sympathie et d'admiration que
Hitler." La transposition locale s'appelle la Garde de
Fer, sa brutalité, son antisémitisme rabique,
ses assassinats crapuleux. Comment cet admirateur futur de Beckett,
bourré de lectures théologiques et mystiques,
a-t-il pu avaler la pire propagande fasciste (la terre, l'effort,
la communauté de sang, etc.) ? |
|
Emil Cioran est né en 1911 en Roumanie. À l'âge
de 25 ans, il s'exile définitivement en France. Proche
de Ionesco, Beckett. Mort à Paris en 1995.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
|
|
En
1940 encore, Cioran fait l'éloge du sinistre Codreanu,
dit "le Capitaine" (qui vient d'être liquidé),
en parlant de son héroïsme de "paysan écartelé
dans l'absolu" et se laisse aller à cette énormité
: "À l'exception de Jésus, aucun mort n'a
été plus vivant parmi les vivants." On comprend
que longtemps après sa fugue magistrale en France, ayant
rompu avec ce passé délirant, il ait été
surveillé par la grotesque police secrète communiste
roumaine, la Securitate, avec des comptes rendus dignes du Père
Ubu. Lire
la suite... |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Inde |
|
|
En Inde, 33% des maires des grandes villes doivent être
des femmes. Lire
l'article... |
|
4 000 femmes créèrent Sewabank en 1974 en investissant
chacune 10 roupies ! |
|
|
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
C'est le gratte-ciel le plus moderne d'Ahmedabad, siège
de plusieurs grands établissements financiers. Sewabank,
qui occupe un étage entier, n'est pourtant pas une banque
comme les autres. En sari multicolore, en costume tribal ou
couvertes de noir de la tête aux pieds comme de coutume
chez les musulmanes du Gujerat, on ne trouve que des femmes
dans le vaste hall plein d'animation. Ici, pas de guichets blindés,
mais des employées à portée de main, qui
répondent patiemment à toutes les questions et
enregistrent de minuscules mouvements de fonds : un dépôt
de 10 roupies (0,15 euro), un retrait de 150 (2,35 euros)...
Une réceptionniste reçoit les illettrées
et les aide à remplir les formulaires. Dans un coin,
un photographe tire le portrait d'une femme sans âge qui
tient devant elle un panneau à son nom. Illettrée,
elle aussi, comme la majorité des clientes - qui sont
aussi les actionnaires. La banque est gérée par
des professionnels, mais elle appartient aux 100 000 femmes
pauvres qui lui confient leurs économies. Elles ne gagnent
parfois que 50 roupies par jour (0,80 euro), leur compte affiche
en moyenne un solde de 2 400 roupies (37 euros). Mais chaque
versement les rapproche du profil d'"épargnante
régulière", qui donne droit à un prêt
de 50 000 roupies maximum (800 euros). Bol d'air vital, ces
microcrédits ont permis, depuis trente-cinq ans, à
des milliers de femmes d'acheter des outils, des matières
premières, de faire face à la maladie, aux accidents,
de parer aux conséquences des catastrophes naturelles
ou des émeutes - comme les pogroms antimusulmans de 2002.
Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - "L'Holocauste comme culture" par Imre Kertész |
|
|
À
79 ans, Imre Kertész n'a rien perdu de son regard pétillant,
ni de son humour Mitteleuropa. L'écrivain hongrois, lauréat
du prix Nobel de littérature 2002, reçoit comme
toujours dans les salons de l'hôtel Kempinski, sur le
Ku'damm, les Champs- Élysées de Berlin. À
deux pas de son domicile. Atteint de la maladie de Parkinson,
il voyage de moins en moins. De tous les auteurs qui ont consacré
leur œuvre à l'Holocauste, l'écrivain hongrois
est certainement le plus paradoxal. Rescapé du camp d'extermination
d'Auschwitz-Birkenau, ce fils d'une famille juive modeste de
Budapest est l'auteur d'une œuvre prolifique ("Être
sans destin", "Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra
pas", "le Refus", "Liquidation", etc.),
où se chevauchent deux univers concentrationnaires. Contrairement
à d'autres artistes, Imre Kertész n'a jamais cherché
à fuir la Hongrie communiste, jugeant même qu'elle
l'avait d'une certaine façon "sauvé"
du traumatisme de l'Holocauste. En 2002, treize ans après
la chute du Mur, il décide de s'installer à Berlin,
"cette ville qui ne cache pas son passé". Il
aime d'ailleurs la langue allemande (il a traduit Nietzsche,
Hofmannsthal, Freud, Roth, Wittgenstein). Si Imre Kertész
n'a pas publié à proprement parler de témoignage
sur Auschwitz, il a recréé un univers où
le romanesque et l'autobiographie se mêlent aux questions
universelles de la survie et de l'exil, mais aussi de l'humain,
du religieux et de l'éthique. Il n'est pas seulement
un romancier, c'est aussi un théoricien de l'Holocauste
et du totalitarisme en général. A travers ses
essais, considérations et discours se dessine la biographie
intellectuelle d'un très grand écrivain européen.
Lire
la suite…
|
|
Imre Kertész "79 ans, prix Nobel 2002". Né
à Budapest le 9 novembre 1929, Imre Kertész est
déporté à Auschwitz en 1944 à l'âge
de 15 ans. Après la guerre, il devient journaliste.
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Onze pieds ? |
|
|
La Révolution de 1793
Pierre Michon, né le 28 mars 1945
Vue du Comité de Salut public |
|
Nouvel Obs : Vous racontez l'histoire d'un tableau
imaginaire, exécuté par un peintre imaginaire.
Mais le tour de force est que ce tableau, en lisant votre livre,
on le voit. Comme s'il existait, comme si on pouvait encore
l'admirer au Louvre, dans la salle où vous dites qu'il
est exposé.
Pierre Michon : La vérité, c'est que
j'ai du mal à dire que le tableau est imaginaire. Parce
que maintenant que je l'ai inventé, je me dis qu'il manquait
à la Révolution. Quand j'ai pensé ce texte,
je m'en souviens, c'était à Orléans, pendant
l'hiver 1993, il était 6 heures du soir. J'étais
en train de lire des choses sur Tiepolo. Je me suis dit : pourquoi
un peintre de l'ancienne école, c'est-à-dire un
Fragonard mais en plus puissant, n'aurait pas fait un tableau
génial sur la Révolution, plutôt que de
la laisser à David et aux néoclassiques, à
l'esprit nouveau, à l'esprit républicain ? Et
ce tableau, d'un type qui aurait travaillé même
avec Tiepolo, je me suis demandé ce qu'il aurait pu représenter.
Des hommes de pouvoir. J'ai pensé au Richelieu de Champaigne,
à des tableaux d'hommes debout. Je me suis saisi aussitôt
d'un livre où il y avait les noms des membres du Comité
de Salut public, et je les ai notés dans l'ordre : Billaud,
Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère,
Lindet, Saint-Just, Saint-André. Ca faisait onze pieds.
C'est cette scansion qui a fait le tableau. Lire
l’article… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Ambedkar, le Ghandi des intouchables |
|
|
Bardé
de doctorats (droit, économie, sciences politiques) obtenus
à l'Université Columbia et à la London
School of Economics, Ambedkar était non seulement l'intouchable
le plus diplômé, mais aussi le meilleur juriste
de toute l'Inde. Après l'indépendance, Gandhi
insistera pour qu'il soit nommé ministre de la Justice.
Mais la relation entre les deux hommes est houleuse. Gandhi
se veut le sauveur des intouchables, qu'il rebaptise harijans,
"enfants de Dieu", égaux en dignité
aux brahmanes. Mais, pour l'hindouiste qu'il est, chacun doit
obéir à son karma, rester dans sa caste et exercer
le métier auquel il, est destiné par son hérédité.
Ambedkar dénonce ces archaïsmes. Pour lui, les droits
civiques des intouchables doivent être défendus
par l'État. Quant à l'hindouisme, il doit disparaître,
affirme-t-il, si l'Inde veut vraiment respecter les valeurs
de justice et d'égalité. Ambedkar fonde les premiers
journaux, les premières écoles, le premier parti
dalit. Décidé à "ne pas mourir hindouiste",
il hésite : se convertir au sikhisme, au christianisme,
à l'islam ? Malgré leur universalisme, ces religions
se sont laissé contaminer par les distinctions de caste.
Il optera donc pour la seule doctrine qui ait combattu le brahmanisme
et le castéisme : celle du Bouddha. Mais c'est un bouddhisme
qu'il débarrasse de toute "superstition", toute
"hiérarchie", voire tout rituel, pour en faire
une doctrine de la libération de soi et du monde.
|
|
Bardé de doctorats (droit, économie, sciences
politiques)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
Retour
aux sources : l'Inde ne fut-elle pas le berceau du bouddhisme
? Quant aux intouchables - une catégorie qui ne surgit
que vers le début de notre ère -, ils ne seraient,
selon lui, que des bouddhistes punis de père en fils
pour avoir résisté à la restauration du
brahmanisme. (Source)
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Baron Haussmann |
|
|
Napoléon 1er a dit : "Pour embellir Paris, il
y a plus à démolir qu'à bâtir."
Napoléon III l'a fait avec l'aide du baron Haussmann.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
|
Napoléon 1er l'a dit : "Pour embellir Paris,
il y a plus à démolir qu'à bâtir."
Napoléon III l'a fait, avec l'aide du baron Haussmann.
Né en 1809, ce colosse de presque deux mètres
fait ses armes de bureaucrate dans le Var, l'Yonne, puis en
Gironde, avant que la consécration ne lui échoie
en juin 1853 avec sa nomination à Paris : "La
foudre tombant dans mon assiette au dîner du sous-préfet
de Bazas ne m'eût pas plus surpris que ma nomination à
la préfecture de la Seine." Surprise feinte, mais
qu'importe. Il restera préfet jusqu'en 1870, entouré
d'une armée de fonctionnaires dévoués,
comme les fidèles Alphand (Parcs et Jardins) et Belgrand
(Eaux et Égouts), expropriant, creusant, nivelant sans
relâche, donnant à la ville le visage qu'on lui
connaît aujourd'hui.
Cet essai balaie quelques idées reçues : sans
le nier, l'auteur minimise le rôle du baron, organisateur
hors pair et soutien indéfectible de l'empereur, mais
qui ne fut somme toute qu'un remarquable exécutant, dans
la droite ligne de ce qu'avait imaginé la Commission
des embellissements de Paris. Avec toutefois une raideur et
une manie de la perspective qui laisse peu de chance à
ce qui se trouve sur sa route : ainsi de la tour Bichat, vestige
d'une commanderie templière que Mérimée
tenta de sauver, et qui fut sacrifiée au percement de
la rue Monge. Paris éventré, Paris arasé,
mais Paris haussmannisé... et vidé de ceux qui
le bâtissaient : les ouvriers. |
|
|
Certains
ont beau pleurer le Paris de Villon, et Zola décrire
dans "la Curée" "Paris haché à
coups de sabre, les veines ouvertes", rien ne résiste
à la poussée haussmannienne. La déchéance
de l'Empire et le retour à la République ne mettront
pas fin aux grands travaux, Alphand poursuivant l'œuvre
entreprise par celui qu'on surnomma aimablement "le préfet
éventreur" et "l'Attila de l'expropriation".
(Source) |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Wall Street |
|
|
Wall Street statesman. L'expression est tellement prétentieuse
qu'on ose à peine traduire : homme d'État de Wall
Street ? Banquier de Wall Street à la stature d'homme
d'État ? C'est en tout cas le titre que réserve
le petit monde de la finance à ses stars, à ses
grands capitaines installés au sommet des gratte-ciel
new-yorkais. À en croire sa biographe, le PDG de JP Morgan,
Jamie Dimon, serait un authentique Wall Street statesman, à
la sagesse digne d'un président. Jamie Dimon n'aime pas
que l'on critique ses pairs : "Quand j'entends sans arrêt
dire du mal de l'Amérique des affaires, personnellement
je ne comprends pas. Cela fait du tort à notre pays."
Il déteste aussi que le gouvernement vienne mettre le
nez dans ses comptes. Avec le patron de la puissante banque
Goldman Sachs et quelques autres financiers, il exige de rembourser
rapidement les prêts que l'État leur a accordés
cet automne, lorsque Wall Street paniquait. Il veut reprendre
sa liberté de banquier. Mais Jamie Dimon devra peut-être
patienter. Alors que l'administration américaine publie
le résultat des stress tests, les "tests de résistance"
imposés aux 19 plus grandes banques, les relations entre
la Maison-Blanche et les gnomes de Wall Street prennent de plus
en plus l'allure d'un fascinant bras de fer entre titans. Le
ton reste poli, parfois cordial. Valerie Jarrett, amie et proche
conseillère d'Obama, est en contact permanent avec les
patrons de banque ; Tim Geithner, le secrétaire
au Trésor, les connaît tous personnellement pour
avoir été président de la Fed de New York. |
|
Les banquiers américains n'ont rien appris ! Ils n'ont
qu'une idée en tête : se débarrasser de
la tutelle de l'état.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
Et
si Barack Obama a refusé le choc frontal qu'aurait été
la nationalisation des banques les plus fragiles, c'est lui
qui leur a imposé ces tests de résistance basés
sur des scénarios trop pessimistes à leur goût.
Un revirement ? Plutôt un agacement. "Je n'ai pas
le pouvoir d'appuyer sur un bouton et de voir tout à
coup les banquiers faire exactement ce que je veux", confiait
récemment le président. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Vadin Repin |
|
|
1971 - Naissance à Novossibirsk.
1981 - 1er concert à Moscou.
1989 - 1er prix au concours Reine-Elisabeth.
2009 - Disque Brahms (Deutsche Grammophon)
et concert Prokofiev le 19 mai Salle Pleyel. |
|
Il est sibérien. Natif de Novossibirsk, chef-lieu de
cette partie asiatique de la Russie. Il est venu pour la première
fois à Moscou en 1981, quand la ville était encore
très pauvre, très sale, les boutiques vides, les
queues interminables, les matrones fagotées à
faire peur. Un cloaque de province, malgré la pompe des
gratte-ciel staliniens et le faste inouï des stations de
métro. Depuis, c'est devenu une mégapole ultramoderne,
où l'argent coule à flots, où les Mercedes
foncent à cent à l'heure sur les boulevards, où
les filles sont encore plus jolies que leurs manteaux de fourrure.
"En vingt-cinq ans, deux siècles ont passé."
Mais ce qu'il y a de merveilleux en Russie, c'est la permanence
et la force de la tradition musicale. Rostropovitch au violoncelle,
Oïstrakh au violon, Richter au piano, ces purs produits
de l'époque soviétique ont trouvé de dignes
successeurs dans la nouvelle démocratie : Lugansky
au piano, Kniazev au violon celle, Repin surtout, le roi du
violon. Et le public lui non plus n'a pas changé, n'a
pas faibli. Dans cette immense Salle Tchaïkovski en forme
d'ovale incliné, il écoute, recueilli, médusé,
son idole jouer le Concerto de Sibelius, avec l'orchestre de
Novossibirsk. "Comment refuser mon concours à l'orchestre
de ma ville natale ?" Beaucoup de violonistes jouent
les yeux fermés. Lui, Repin, ne se concentre pas de cette
manière, il garde les yeux ouverts, il a besoin de voir
le public, de rester en contact avec la salle, et c'est pourquoi
sans doute son jeu a quelque chose de direct, de frémissant,
qui subjugue immédiatement. La musique n'est pas, pour
lui, un monde fermé, à part, qui demanderait une
préparation initiatique ; il ouvre la musique aux
auditeurs, il les invite à entrer. Lire
la suite... |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Montaigne |
|
|
Attention,
travaux. On traduit Montaigne en français moderne. Dans
le même temps, on publie deux chapitres des Essais traduits
en français du... japonais. La langue de Montaigne est
en réfection, en réanimation, aux urgences. C'est
une "langue presque morte", diagnostique, avec le
ton de Dr House, Michel Onfray dans sa préface à
la traduction du japonais par Pascal Hervieu. À quoi
bon rajeunir Montaigne ? me dites-vous. Ses immortelles
leçons sur l'art d'apprendre à vieillir, pourquoi
ne pas les appliquer d'abord à sa prose ? Pas du
tout. Cette langue a quatre siècles, la goutte, la gravelle.
Cette senior ne correspond plus aux exigences du marché.
Cachez cette poudreuse gasconnade que l'époque ne saurait
voir. Pour renaître, Montaigne doit se faire hara-kiri
ou recourir au Botox. Énième remake de la querelle
des Anciens et des Modernes, des cuistres et des cool, des nomades
et des enracinés ? Si ce n'était que cela.
"La forme compte moins que le fond", écrit
Onfray pour justifier cette nouvelle adaptation. Monsieur Homais,
parmi ses bocaux, n'eût pas mieux dit : pour le fond,
tapez un ; tapez deux pour la forme... Dans ces conditions,
plus rien ne s'oppose à la traduction en prose des "Fleurs
du mal" : régularisons ces rimes qui ne riment
à rien, ces alexandrins qui ne s'adressent pas toujours
au "plus grand nombre", comme dit Onfray. Trêve
de style, de musique, de jazz. Ici, le "parler décousu,
déréglé et hardi" de Montaigne est
sommé de travailler plus, de signifier plus. Grâce
au "détour par le Japon", la compréhension
des Essais est "dispensée de ralentissement",
assure Onfray, homme pressé du toyotisme. Rien ne doit
plus entraver la productivité sémantique. Circulez.
"Cette traduction est une entreprise expérimentale,
assez considérable dans l'énormité, et
dont le succès semble douteux", déplore le
critique Jean Starobinski, qui s'apprête à publier
un ouvrage sur Diderot, lecteur de Montaigne ("Un diable
de ramage"). Le penseur cavalier jugeait son style "trop
épais en figures" (en images). Ses adaptateurs le
défigurent secourablement. C'est Montaigne sans Montaigne.
Liquidation des métaphores chasseresses : le XVIe
siècle n'a pas eu lieu. Là où l'auteur
parle de "police féminine", Hervieu traduit
" éducation des jeunes filles" et André
Lanly "gouvernement des femmes". C'est abuser du fer
à lisser.Lire
la suite...
|
|
Michel de Montaigne (1533-1592)
est né au château de Montaigne en Dordogne.
«Il n'est plus temps de regimber quand on s'est laissé
entraver Cette belle reigle que je voy passer de main en main
entre elles, comme un sainct oracle, «Sers ton mary comme
ton maistre et t'en guarde comme d'un traître» est
pareillement injurieuse et difficile. Je suis trop mol pour
dessins si épineux.» Montaigne
-------------------------------------------------------------------------
«Il n'est plus temps de regimber quand on s'est laissé
entraver. Et la belle règle que je vois passer de main
en main parmi les épouses, comme un saint oracle : «Sers-ton
mari comme un maître et garde-t'en comme d'un traître»
est pareillement injuste et pénible. Je suis trop doux
pour des dessins aussi pleins d'épines.» Traduit
en français moderne (André Lanly)
-------------------------------------------------------------------------
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Hôpital : diagnostic de 140 professeurs |
|
|
|
|
Une fois n'est pas coutume, le mouvement est parti d'en haut,
des "bac+25", ces professeurs de médecine parvenus
au faîte de leur spécialité, plus familiers
des blocs opératoires et des congrès scientifiques
que des défilés protestataires. "Il fallait
bien qu'on finisse par se faire entendre. Nous avons un métier
et une conscience, tout de même", rigole Olivier
Lyon-Caen, neurologue à la Pitié-Salpêtrière.
Avec son confrère André Grimaldi, diabétologue,
ils ont battu le rappel de leurs pairs. Une flopée d'e-mails
plus tard, "l'appel des 25" contre la loi Bachelot
et "l'hôpital entreprise" était lancé
dans le Nouvel Observateur. Ces vingt-cinq-là,
à une exception près, n'exercent pas de manière
privée à l'hôpital. Ainsi, contrairement
à ce qu'ont laissé entendre le gouvernement et
le secrétaire général de la CFDT François
Chérèque, ils ne sauraient être suspectés
de défendre leurs dépassements d'honoraires !
Ils furent donc bien vite rejoints par 20 00 signataires sur
le site du Nouvel Obs. Puis par des milliers de manifestants
le 28 avril dernier, sur le macadam parisien. "Je n'étais
jamais sorti manifester dans la rue pour mon métier...
Mais l'hôpital ne peut pas seulement être soumis
à une logique comptable. Je ne comprends pas la logique
de cette réforme à contresens de l'histoire.
|
|
|
Obama
est en train de réformer le système américain
en s'inspirant de notre modèle, et nous, on fait le contraire
en essayant de l'américaniser alors qu'on a vu la catastrophe
que cela donnait aux États-Unis", lance Xavier Mariette,
chef du service de rhumatologie du Kremlin-Bicêtre et
signataire de "l'appel des 25", rencontré ce
jour-là au milieu des infirmiers et infirmières
qui ont rejoint le cortège. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Picasso à Aix |
|
|
Picasso et Cézanne ? Ils ne se sont jamais rencontrés.
Ils n'ont échangé aucune correspondance. Le second
n'a jamais fait la moindre allusion au premier. Et pourtant
! Entre les deux géants de la peinture française,
il y a une incontestable filiation, une histoire commune, une
inspiration partagée. Et il n'y a qu'Aix qui pouvait
s'attacher à cerner les liens subtils qui unirent les
deux artistes. Aix, qui se souvient encore de Picasso à
la brasserie Les Deux Garçons, au festival lyrique et
dans son château de Vauvenargues, où le peintre
espagnol résida de 1959 à 1961 et devant l'entrée
duquel il repose aujourd'hui. Aix, patrie de Cézanne,
qui, après l'exposition de 2006, s'attache à valoriser
une œuvre trop longtemps incomprise. Aix qui veut-par un
dialogue inédit entre les œuvres des deux peintres-démontrer
l'influence considérable de Cézanne sur Picasso.
C'est au musée Granet, du 25 mai au 27 septembre, qu'aura
lieu la "rencontre". "Pour Picasso, il y avait
quelque chose d'impénétrable chez le maître
d'Aix-en-Provence qui fait qu'il n'a jamais voulu refaire
du Cézanne, réinterpréter une œuvre,
comme il le fit d'autres maîtres." Bruno Ely est
conservateur en chef, directeur du musée Granet et commissaire
de l'exposition "Picasso/Cézanne" . "Nous
n'exposerons pas d'œuvres en parallèle, comme ce
fut le cas à Paris avec Picasso et les maîtres,
mais montrerons comment Cézanne fut plutôt un point
de départ pour Picasso." L'exposition aixoise s'attachera
aussi à montrer un Picasso peu connu, un Picasso intime,
méditant solitaire sur la peinture dans le secret de
son atelier.
Lire la suite... |
|
Cinquante ans après l’installation de Picasso au
château de Vauvenargues, grande exposition Picasso-Cézanne
du 25 mai au 27 septembre 2009 |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Le cerveau |
|
|
Il
y a un âge pour toute chose, un âge pour marcher,
un âge pour parler, un âge pour la musique, pour
la lecture... Mais on continue à apprendre tout au long
de la vie, disent les neurobiologistes. En fonction des lectures,
des rencontres, des expériences vécues, de nouvelles
connexions se font et se défont en permanence dans notre
cerveau. Siège "du vrai, du beau, du bien",
il est l'objet le plus complexe du monde vivant, note Jean-Pierre
Changeux, directeur du laboratoire de neurobiologie moléculaire
à l'Institut Pasteur. Sous ce titre inspiré de
Platon, il propose d'ailleurs une "nouvelle approche neuronale"
pour comprendre un peu mieux ce qui se trame sous notre capot.
Car oui, il y a du neuf sur le cerveau !
Le célèbre professeur du Collège de France
a rassemblé dans un livre la matière (grise) de
ses trente années d'enseignement. On apprend ainsi que
l'art, les comportements sociaux, l'éthique, la conscience
de la mort sont ancrés dans notre cortex cérébral,
le plus important du règne animal. Car l'évolution
a doté nos ancêtres d'un sacré organe plissé
entre les oreilles. Gros par rapport à notre taille et
différemment compartimenté que chez les autres
primates, il a développé des aires spécialisés
dans des fonctions cognitives comme le raisonnement, le langage,
la reconnaissance des lettres, la capacité de s'organiser
suivant sa volonté dans un environnement changeant ou
de tirer des plans sur la comète. |
|
Quelque 100 milliards de neurones établissent chacun
jusqu'à 60 000 contacts contribuant à donner un
sens à nos vies…
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
"Tout
ce que nous faisons ou pensons est marqué dans notre
cerveau", insiste Jean-Pierre Changeux, fasciné
par les progrès réalisés dans l'exploration
in vivo de nos cervelles. Au total, nous disposons de quelque
100 milliards de neurones qui, en établissant chacun
jusqu'à 60 000 contacts, propagent des signaux électriques
dans tous les sens et contribuent à donner un sens à
nos vies. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Maya Angelou |
|
|
Danseuse, chanteuse, actrice, poétesse et mémorialiste…
Maya Angelou (Marguerite Johnson) née le 4 avril 1928
à Saint Louis (Missouri) révélée
en 1969.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
Raviné par les années, le beau visage est toujours
aussi fier. Le regard vous perce, la taille vous en impose -
même quand Maya Angelou vous salue depuis son fauteuil,
dans sa luxuriante demeure de Harlem. A 81 ans, la diva de la
littérature américaine n'a rien perdu de son charme
un peu roublard. Fille de parents fantasques, elle est flanquée
dans un train, à l'âge de 3 ans, en compagnie de
son petit frère, direction Stamps, un bled de l'Arkansas.
Elle passe sa petite enfance dans cette ville qui en compte
deux - une blanche et une noire -, élevée par
une grand-mère d'une bonté infinie, avant d'être
récupérée par sa mère à Chicago.
Violée par le compagnon de celle-ci, elle devient muette
et retourne à Stamps, où elle restera jusqu'à
l'adolescence. Elle finit par retrouver la parole et découvre
la poésie, avant de rejoindre à nouveau sa mère
à San Francisco. Certaines vies sont bien remplies. Celle
de Marguerite Johnson - son nom à l'état civil
- déborde : contrôleuse de streetcar, cuisinière,
chauffeur, proxénète et prostituée (dans
cet ordre), danseuse, chanteuse (on trouve encore son disque
de calypso de 1957 : "Miss Calypso"), metteur en scène,
leader de la lutte pour les droits civiques, journaliste en
Afrique pour "The Arab Observer", et bien sûr
écrivaine... Elle a travaillé pour Martin Luther
King, fut l'amie de Malcolm X, a été la compagne
de Vusumzi Make, une figure de la lutte anti-apartheid, et a
compté parmi ses proches James Baldwin, Alvin Ailey,
Martha Graham et tant d'autres... |
|
|
Poétesse
avant tout, elle est peu connue en France, mais aux États-Unis,
c'est une star. Ses livres, qui se vendent à des millions
d'exemplaires, sont au programme de toutes les écoles.
Enfin republié en France, "Je sais pourquoi chante
l'oiseau en cage", le premier volume d'une autobiographie
qui en compte six, a franchi le cap des 2 millions d'exemplaires
en 1993, l'année où Maya Angelou fut choisie par
Bill Clinton pour lire un poème lors de sa prestation
de serment. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Les Primitifs italiens |
|
|
On
les a longtemps négligés, voire carrément
oubliés. "Les", ce sont les Primitifs italiens
qui furent retirés des églises des XIIIe, XIVe
et même XVe siècles pour être remplacés
par des peintres plus modernes. Ces "fonds d’or",
s’ils ont échappé de justesse - et grâce
à la vigilance des hommes d’église -, à
la destruction, ont été disséminés
dans diverses collections. Et notamment dans celle d’Altenbourg,
en Allemagne, considérée comme l’une des
plus importantes collections de Primitifs italiens hors la Péninsule.
Constituée au XIXe siècle par le baron Von Lindenau,
elle compte 180 tableaux. Une quarantaine de ces œuvres
sont exposées à Paris, au Musée Jacquemart-André,
auxquelles s’ajoutent d’autres pièces prêtées
notamment par la Pinacothèque du Vatican. L’occasion
de redécouvrir cette période entre la fin du Gothique
et le début de la Renaissance à travers deux courants
essentiels, le Siennois et le Florentin. Vous avez dit "Primitifs" ?
Ils ont l’air extrêmement fragile. Les panneaux
de bois, souvent de taille modeste, sur lesquels les peintres
ont décliné les grands moments de la Chrétienté,
semblent même prêts à s’effriter. Et
devant tous ces visages de madone ou de saints, ces Christ expiant
et autres scènes de dévotion, on est ébloui
par l’état de conservation de ces œuvres datant
des XIIIe et XIVe siècles ainsi que par l’éclat
des couleurs, d’une vivacité pour le coup miraculeuse.
"Exceptionnelle", dira Nicolas Sainte Fare Garnot,
le commissaire de l’exposition. La visite commence par
l’école Siennoise... Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Afrique du sud |
|
|
Des croix en souvenir des 2500 fermiers afrikaners tués
dans la province de Limpopo. |
|
Pour cette terre qu'il aime tant, et pour en conjurer ses démons
au sommeil si fragile, Desmond Tutu avait inventé le
beau rêve de "nation arc-en-ciel". Bien avant
Obama, le futur prix Nobel de la paix semblait incarner une
envie unanime de dépasser la "question raciale"
dont Nelson Mandela avait habilement suspendu l'explosion. Le
rêve a vécu. Malgré sa victoire annoncée
aux élections générales du 22 avril, l'ANC
va mal et, quand il s'exprime aujourd'hui, le vieil archevêque
anglican met en rogne l'équipe dirigeante dont le bilan
lui semble bien éloigné des promesses initiales.
Les plus modérés lui pardonnent au nom de son
grand âge. Plus crûment, d'autres lui reprochent
de "penser comme et avec les Blancs"... Quinze ans
après la fin officielle de l'apartheid, celui-ci règne
toujours dans les têtes de la plupart des 50 millions
de Sud-Africains. Et comme rien n'est simple dans un pays doté
de 11 langues officielles, l'expression du malaise prend quelquefois
des chemins inattendus. Fin mars, au détour d'une discussion
nocturne animée sur les élections, Peter lâche
tout à trac qu'"une partie des problèmes
vient du fait qu'il y a encore beaucoup trop de Blancs dans
ce pays". Deux Blanches sursautent dans la courette de
la maison située à Troyeville, un secteur central
de Johannesburg où les Blancs n'ont guère l'habitude
de poser leurs valises. L'une est la petite amie de l'imprécateur,
l'autre a épousé son meilleur ami, pas moins virulent
dans sa comptabilité accusatrice.
Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Éloge de la folie, le cas Wolfson |
|
|
C'est
l'histoire d'un vrai livre. D'un de ces livres qui vous secouent
et vous laisseront vibrants jusqu'à la fin de vos jours.
Et qui méritait bien ce "dossier", que son
éditeur J.-B. Pontalis introduit avec sa claire et sûre
intelligence.
Le manuscrit est arrivé par la poste chez Gallimard en
1963. Titre : "Le Schizo et les Langues". Auteur :
Louis Wolfson, schizophrène new-yorkais, mais le livre
est en français. Queneau juge le manuscrit d'"un
intérêt exceptionnel". Pontalis raconte que
certains passages ont fait beaucoup rire le père de Zazie
- étonnant. Paulhan, lui, fait la grimace : il faut "revoir
tout ce manuscrit" (il rappelle en cela son prédécesseur
Jacques Rivière demandant à Artaud de récrire
ses textes). De quoi s'agit-il ? D'un psychotique qui hait sa
langue maternelle, au sens propre : celle de sa mère ;
qui étudie plusieurs langues étrangères,
dont le français ; qui met au point un système
linguistique à la fois simple et complexe consistant
à substituer aux mots de la langue honnie des mots étrangers
de graphie et de sens approchants. Ainsi, quand sa mère
glapit, exprès, qu'elle a perdu ses lunettes, le mot
where est particulièrement douloureux ("ses cris
me déchiraient la fibre", dit l'ivrogne assassin
de Baudelaire). Wolfson cherche un équivalent, et à
la suite d'un de ses vertigineux exposés où voisinent
la parfaite rigueur et le délire complet, il trouve l'allemand
woher, "d'où". Quand il entend where, il pense
woher, et ne souffre pas. Lire
la suite… |
|
Louis Wolfson en 1984. Un psychotique qui hait sa langue maternelle,
l’anglais. |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - La Divine Comédie |
|
|
Dante Alighieri / La divine comédie est une somme des
conceptions politiques, scientifiques et philosophiques de ce
moment : 1300.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
Commençons par enlever l'épithète "divine"
rajoutée au XVIe siècle (et de nos jours, il n'y
a de "divine" que Facteur/actrice fétiche de
John Waters). Donc, l'œuvre de Dante portait initialement
et simplement le nom de Commedia. On ne compte plus en France,
les traductions de Dante - ou plutôt si, la Comédie
a été traduite, intégralement ou en partie,
trente-huit fois, depuis 1921 ! Même le philosophe
pop-marxiste Mehdi Belhaj Kacem s'y est mesuré, non sans
succès, l'année dernière avec la Mita Nova.
Les éditions de La Différence vivent par et pour
la littérature. Leur saint patron, Joaquim Vital, que
l'on dirait tout droit sorti du Cinquième Empire de Dominique
de Roux, a décidé de publier une édition
revue et corrigée de la (Divine) Comédie par Didier
Marc Garin. Un vrai bonheur. L'œuvre raconte le voyage
imaginaire du narrateur qui se retrouve brusquement plongé
dans une forêt sombre. Là, il rencontre Virgile
qui l'invite à pénétrer dans le monde de
l'au-delà. Dante le suit. La visite de l'enfer ouvre
son périple, suivi du purgatoire et, enfin, du paradis.
Le récit, rédigé à la première
personne, est un véritable voyage initiatique. Sur son
parcours, Dante rencontre une centaine de personnalités,
depuis les grandes figures mythiques de l'Antiquité comme
les philosophes, jusqu'aux personnalités locales contemporaines
de l'auteur, chacune d'elles étant la personnification
d'une faute ou d'une vertu religieuse ou politique. |
|
|
Cette
œuvre monumentale offre ainsi de nombreuses lectures différentes.
Elle est à la fois le récit du parcours personnel
de Dante, des considérations sur les politiques de quartier
de l'ingrate Florence, un manuel théologique chrétien
de description de l'au- delà, un roman à valeur
éthique et morale et une réflexion sur la recherche
du salut éternel. Lire
la suite... |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Haïti |
|
|
Haïti,
septembre 2008. Après le passage de trois cyclones, la
ville de Gonaïve est submergée par des coulées
de boue ; 468 personnes trouvent la mort dans la catastrophe.
Frédéric Boisset et Pierre Creisson filment, pour
Arte, l'ampleur du drame et le désarroi des survivants.
Six mois plus tard, ils sont de retour dans l'île. Le
constat qu'ils dressent est terrifiant. A Gonaïve, la boue
s'est transformée en terre. Dans les maisons, dans les
rues, elle est encore partout. Il reste 2 millions de mètres
cubes à déblayer. Il faut faire vite et dégager
les égouts avant la saison des pluies. Des ONG, comme
Action contre la Faim, s'y emploient en payant les habitants
pour qu'ils dégagent la cité de la gangue de terre
qui l'étouffe. C'est l'opération Cash for Work.
Tout le monde y trouve son compte : les travaux avancent
et les gens gagnent de l'argent pour survivre. Hélas,
faute de financement, Action contre la Faim doit arrêter
le programme. Résultat, après avoir été
payés pour déblayer et nettoyer, les habitants
de Gonaïve cessent le travail en attendant qu'une autre
ONG les rétribue pour ce dont ils sont, de toute façon,
les premiers bénéficiaires... Il y a seulement
quelques décennies, Haïti était couverte
d'arbres et de forêts qui retenaient les pluies. Pour
survivre, la population a vendu les essences les plus riches
et transformé le reste en charbon de bois... Aujourd'hui,
des programmes sont en cours pour ériger des paliers
sur les pentes des montagnes afin de stopper l'érosion.
|
|
Les Haïtiens utilisent la terre pour calmer leur faim…
Ils fabriquent des galettes avec de l'argile, un peu de sucre
et de l'eau !
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
Mais,
pendant que des hommes et des femmes s'emploient à ces
travaux, d'autres, en contrebas, creusent les parois pour vendre
des pierres. D'un côté, la montagne se comble,
de l'autre elle se vide... Malgré une aide internationale
réelle mais insuffisante - 1 million de dollars par an
-, les Haïtiens n'ont toujours d'autres ressources que
celle de piller leur propre terre. Cette terre qu'ils utilisent
aussi pour calmer leur faim. En mêlant de l'argile à
un peu de sucre et d'eau, ils fabriquent des galettes qu'ils
vendent sur les marchés. Dans les pays occidentaux, les
images de ces enfants croquant ces galettes de terre ont choqué
et donné une image du pays tellement désastreuse
que désormais leur vente se fait à la sauvette...
(Source) |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Berlin 1945 |
|
|
|
|
"Les filles des ruines" sur
France 2 en mai
------------------------------ |
|
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, des femmes violentées au
cours de la bataille de Berlin ont raconté leur traumatisme
dans des récits écrits personnels.
Au printemps 1945, trois Berlinoises racontent dans leurs journaux
intimes la bataille de Berlin du point de vue de la population
civile. Au cœur de la guerre, elles écrivent en
toutes circonstances. Même quand elles sont exposées
aux viols en série perpétrés par les forces
conquérantes. L'assaut sur le corps des femmes est le
plus petit dénominateur commun de tous les conflits barbares,
qu'un tabou persistant maintient dans le silence. "Les
Filles des ruines" confrontent ces récits. Lire
l’article page 3
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
"Quand
l’honneur est perdu, tout est perdu" dit un homme
à sa fille violée douze fois en lui tendant une
corde. Docile, elle va se pendre comme le feront 10000 femmes
de la ville.
Les femmes et la bataille de Berlin… Peur, famine, viols,
le destin des Berlinoises au printemps 1945. "Entre 100
000 et 300 000 viols !" |
|
|
|
|
Mai
2009 - Proposition de loi "Welcome" |
|
|
De ; Welcome à : la Journée de la Jupe, des fictions
font réagir la société. / Charte des droits
fondamentaux de l’U.E. "Toute personne a droit à
son intégrité physique et mentale"…
même en situation irrégulière ! |
|
Le 30 avril, à l'Assemblée nationale, les députés
examineront la "proposition de loi Welcome" - allusion
au film de Philippe Lioret - qui vise à supprimer le
"délit de solidarité" dont se rend coupable
toute personne venant en aide à un étranger en
situation irrégulière. Parallèlement, alors
que le discours antisémite du président iranien
Ahmadinejad a fait exploser la conférence Durban II sur
le racisme, Alain Finkielkraut oppose à l'esprit de Durban
l'esprit de "la Journée de la Jupe", film de
Jean-Paul Lilienfeld que le philosophe qualifie d'"événement
politique d'une importance extrême" et même
d'"événement historique". Deux films
récents qui remportent tous deux un succès populaire,
moins du fait de leurs qualités esthétiques que
parce qu'ils touchent au cœur des débats qui agitent
la société d'aujourd'hui : on est loin d'une certaine
qualité française caractérisée par
"la psychologie dans un monde intemporel, [les] films de
genre aux scénaristes orfèvres en répliques
et [les] vedettes". Certes, ces deux films sont portés
par des acteurs vedettes, Vincent Lindon et Isabelle Adjani.
Mais aussi bien pour Lindon dans "Welcome" que pour
Adjani dans "la Journée de la Jupe", le talent
des interprètes se met au service d'un propos polémique.
On est aux antipodes du traditionnel nombrilisme hexagonal.
Et dans un cas comme dans l'autre, le film sort du cadre artistique
pour interpeller le spectateur, le sommer de prendre position.
Ce qu'il fait, d'ailleurs : en témoignent des dizaines
de débats publics dans toute la France et des milliers
de points de vue exprimés sur internet ou dans les médias
classiques. En attendant de changer la loi... Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Art stalinien |
|
|
Spécialiste
du Moyen Age, l'archéologue François Gentili procède
jusqu'à la fin avril à l'exhumation, morceau par
morceau, d'un monument brisé datant de 1937 et typique
de... l'art réaliste soviétique du plus pur style
stalinien. Flashback : en 2004, l'Inrap (Institut national de
Recherches archéologiques préventives) effectuait
une fouille de routine sur le site du château de Baillet-en-France
(Val-d'Oise) pour en examiner les vestiges médiévaux.
C'est alors que, explorant une ancienne glacière, François
Gentili eut la surprise de sa vie : il découvrit une
masse de gravats, fragments de sculptures entremêlés
parmi lesquels le faisceau de sa lampe torche illumina soudain
le fameux motif soviétique de la faucille et du marteau.
Stupéfaction... Mais, comme disent les scientifiques,
"le hasard ne favorise que les esprits préparés".
Le spécialiste se souvenait, enfant, avoir compulsé
une collection de la revue "l'Illustration", et notamment
un reportage sur l'Exposition universelle de 1937, à
Paris. "Je me suis précipité chez mes parents
pour retrouver ce numéro", dit François Gentili.
La revue y était tou jours, et l'archéologue médiéviste
put aussitôt identifier "ses" fragments :
des vestiges du pavillon de l'Union soviétique. Que faisaient-ils
à Baillet-en-France ? L'histoire a pu être
facilement reconstituée car on se souvint que, après
la clôture de l'Exposition, les sculptures avaient été
offertes par l'URSS à un syndicat ami, la CGT. Laquelle
était alors propriétaire du domaine de Baillet,
l'un de ses centres de vacances. Le syndicat exposa dans le
parc les sculptures... Lire
la suite… |
|
Des sculptures révolutionnaires dans un château
du XVIIe...
Aujourd'hui, ils appartiennent avec le domaine, à la
mairie de Baillet ! |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Les cocus... |
|
|
Les Grecs, les Romains, les juifs anciens lapidaient ou tuaient
les amants illégaux. Après le concile de Latran
en 1139, l'église fait du mariage un sacrement indissoluble
! |
|
Un
jour d'avril 1845, à l'aube, Victor Hugo qui vient d'être
élu à la pairie est surpris en flagrant délit
avec Mme Biart, mariée à un peintre. Hugo, protégé
par son statut, est libéré tandis que la jeune
femme est incarcérée à Saint-Lazare avec
les prostituées et les délinquantes. L'affaire
ne gêne en rien la carrière du poète. La
suite est plus surprenante encore: partageant sa vie entre deux
femmes depuis plusieurs années, Juliette Drouet, sa maîtresse,
et Adèle, son épouse, Hugo avoue toute l'histoire
dès le lendemain à cette dernière. Adèle,
qui n'est pas elle-même un modèle de vertu, rend
visite à la prisonnière, obtient son transfert
dans un couvent et la reçoit quelques mois plus tard
dans son salon tandis que M. Biart, le cocu, est conspué
pour mesquinerie par l'opinion publique. Paradoxe français,
diraient les Anglo-Saxons. Lamartine commente: «La France
est élastique: on se relève même d'un canapé.»
Les Grecs, les Romains, les juifs anciens lapidaient ou tuaient
les amants illégaux. Après le concile de Latran
en 1139, l'Eglise fait du mariage un sacrement indissoluble:
l'adultère devient manquement à la réciprocité
conjugale. Il met à mal la certitude de la filiation,
mélange bâtards et enfants légitimes, fait
tomber l'opprobre sur les familles. A partir d'un dépouillement
minutieux des archives de tribunaux, Agnès Walch dresse
une longue chronique de l'infidélité et de sa
répression à partir du XVIe siècle. Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Essais nucléaires... |
|
|
Mururoa "l'île du secret" comme l'appellent
les Polynésiens.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
C'est le général de Gaulle qui lance la France
dans la course atomique… 210 essais nucléaires,
d'abord au Sahara dès 1960, puis à partir de 1966,
en Polynésie. Abandonnés en 1996.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
Au
Sahara et en Polynésie, des centaines de civils et de
militaires ont été contaminés par des expérimentations
atomiques. Exposés parfois sans précaution aux
radiations, les «cobayes» de la bombe ont enfin
obtenu un début de reconnaissance. Sophie des Déserts
raconte leur long combat contre le secret-défense et
la raison d'État.
"Là-bas, à Mururoa, on m'a jeté un
sort", disait-il. Depuis son séjour dans l'atoll
en 1976-1977, Yannik Floc'h n'était plus que l'ombre
de lui-même. "L'île du secret", comme
l'appellent les Polynésiens, avait emporté sa
jeunesse. A 20 ans déjà ses dents cassaient, ses
poumons toussaient, sa colonne vertébrale ployait sous
la douleur. Marie-Josée, son épouse, le voyait
se dégrader, sous l'œil impuissant des médecins.
L'ancien matelot revenait toujours sur sa mission à "Muru",
les baignages dans le lagon, ces journées à ramasser
de la ferraille en zone contaminée, il était persuadé
que les racines de son mal se trouvaient là. Yannik luttait,
jusqu'à ce qu'un jour son corps ne puisse plus bouger.
On lui découvrit alors un cancer du poumon qui avait
essaimé tout le long de sa colonne vertébrale.
"Un sort", répétait-il, sans illusion
mais sans hargne. Yannik avait passé en Polynésie
les plus belles années de sa vie. Avant de lui dire adieu,
en juillet 2004, son épouse a promis : "Je ferai
éclore la vérité."
Ce samedi de mars 2009, Marie-Josée Floc'h déjeune
sur une vedette de la Vilaine affrétée par l'Aven
(Association des Vétérans des Essais nucléaires).
Autour d'elle, des messieurs plus tout jeunes, souvent malades,
et pourtant un vent léger, comme un souffle d'espoir,
traverse l'assemblée. Après presque un demi-siècle
de silence, l'État français ouvre le dossier de
ses essais nucléaires. "Il est temps que notre pays
soit en paix avec lui-même", a déclaré
le ministre de la Défense Hervé Morin, avant d'annoncer
son projet de loi d'indemnisation. Il s'adresse aux 150 0000
civils et militaires qui ont participé, de 1960 à
1996, aux tirs nucléaires du Sahara puis de Polynésie.
Lire
la suite… |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - "Un acte honteux" |
|
|
Le
24 avril est la date anniversaire du début du génocide
arménien de 1915. Un historien turc ne craint pas de
mettre en cause la responsabilité de son pays. Par Taner
Akçam.
Le Nouvel Observateur : L'État turc continue
de nier le génocide arménien de 1915. Comment
votre livre a-t-il été accueilli en Turquie ?
Taner Akçam : La presse turque, qui a fait sa
une sur le sujet en novembre 2006, m'a d'abord carrément
traité de menteur. Elle refusait de croire que mon titre,
"Un acte honteux", était une citation de Mustafa
Kemal Atatürk, le père de la Turquie moderne, parlant
des actes commis contre les Arméniens. Puis les éditorialistes
ont découvert que je disais vrai et m'ont fait des excuses.
Le livre est aujourd'hui en vente libre et chacun peut apprendre
que Mustafa Kemal a condamné les massacres dès
1919, qu'il a traités de "criminels" Talaat
Pacha et Enver Pacha, les Jeunes-Turcs du Comité Union
et Progrès (CUP) au pouvoir pendant la Grande Guerre.
Plus tard, en 1925, il a même fait pendre une quinzaine
de membres du CUP qui projetaient de l'assassiner. Dans les
interviews qu'il a données alors à la presse américaine,
il les a accusés d'être «responsables de
l'assassinat de nos concitoyens arméniens». Cela
dit, Kemal n'est pas un militant des droits de l'homme. C'est
le fondateur d'un État-nation, qui ne se soucie que de
la sécurité d'État et de l'intérêt
national, voire nationaliste. Lire
la suite… |
|
Soldats turcs en 1915 a Alep après la pendaison d’Arméniens
en place publique. |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Le fond de l'air est... pollué ! |
|
|
Les lingettes avec lesquelles nous essuyons nos enfants contiennent
des agents allergisants. / Il faut aérer… / Tous
les ans, 30 000 décès à cause de la pollution
de l'air.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
"Nous sommes cernés" et "on a l'impression
que l'homme fait tout pour aggraver ses conditions de vie",
résumait Benoît Wallaert (hôpital Albert-Calmette
de Lille) lors du 4e Congrès francophone d'Allergologie,
qui vient de s'achever à Paris. De la rhinite à
l'asthme et à toutes sortes d'intolérances, les
maladies allergiques connaissent, depuis trente ans, une expansion
fulgurante. Car tous les facteurs se conjuguent pour rendre
notre milieu de vie insupportable, avec des conséquences
parfois graves touchant le nez, les bronches, les yeux ou la
peau. Selon l'Ordre national des Médecins, chaque année,
30 000 décès sont imputables à la seule
pollution de l'air. Et pour l'OMS, l'allergie figure au quatrième
rang des maladies les plus fréquentes. Le professeur
Wallaert incrimine d'abord la pollution automobile, avec les
particules fines des diesels. Ainsi que la pollution intérieure
(habitations et bureaux), due aux composés organiques
volatils des aérosols de nettoyage. Aux colles, vernis
et peintures. Aux matériaux de construction. La plupart
des produits dits d'hygiène, les fumées de cuisine
et même les cosmétiques contribuent aussi à
l'épidémie. Sans compter les pollens des plantes
exotiques et les allergènes répandus par les NAC
- les nouveaux animaux de compagnie. Bref aux yeux des allergologues,
rien ne trouve grâce, pas même les douces lingettes
avec lesquelles nous essuyons nos enfants, dont "la plupart
contiennent des agents fortement allergisants". |
|
|
Ni
les boules de pétanque (qui renferment du nickel). Ni
les jacuzzis (favorisant les mycoses). Ni non plus le jogging
(avec de redoutables chaussures en caoutchouc). De plus, au
nom des économies d'énergie, le soigneux calfeutrage
des appartements nous enferme dans des atmosphères empoisonnées.
D'où cette recommandation unanime du congrès :
il faut aérer, donc ouvrir nos fenêtres à
double vitrage. Un point positif toutefois : la raréfaction
des moquettes, aujourd'hui passées de mode, réduit
notre exposition aux acariens. Ouf ! (Source) |
|
|
|
|
|
Mai
2009 - Antilles |
|
|
Aux
Antilles, "rien n'a changé en termes de rapport
de classes et de races", affirmait dernièrement
Elie Domota, le syndicaliste guadeloupéen, porte-parole
du LKP. "Les 16 de Basse-Pointe", un documentaire
de Camille Mauduech, viendrait-il illustrer la pensée
de l'ennemi numéro un de la "pwofitasyon" ?
A l'origine de cette enquête têtue et subtile, un
fait divers martiniquais à l'âpreté faulknérienne.
Un sanguinaire "békécide" (meurtre d'un
béké) dont Sartre aurait pu s'enivrer dans sa
préface aux "Damnés de la terre", où,
comme on sait, il dit qu'"abattre un Européen, c'est
faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps
un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et
un homme libre". En 1948, Guy de Fabrique, administrateur
blanc créole de l'habitation Leyritz, se présente,
escorté de trois gendarmes, devant une soixantaine de
coupeurs de canne en grève. Sur la fausse information
d'un mouchard, il vient porter secours à son frère
Gaston. Il finit par prendre la fuite. Rattrapé, il est
assassiné de trente-six coups de coutelas. On retrouve
dans un champ de la plantation son corps - «haché»,
raconte un témoin. Seize ouvriers agricoles sont arrêtés.
Au bout de trois années de détention préventive,
ils sont jugés à Bordeaux, où ils encourent
la peine de mort. Sur un air de piano Fender Rhodes, avec nonchalance,
obstination et un doigt de coquetterie, la réalisatrice
assemble le "puzzle disparate" de l'affaire. Mais,
soixante ans après, la plupart des accusés sont
morts ou séniles. A l'oubli se joint l'omerta des tropiques.
|
|
Carte postale de 1951 réalisée en soutien aux
16 inculpés de Basse-Pointe. À leur procès,
Michel Leiris témoignera sur la misère des Caraïbes…
/ En 1948, un administrateur blanc est assassiné de trente-six
coups de coutelas par des coupeurs de canne.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
|
On
voit ainsi Bibi, le jardinier de l'habitation Leyritz, changée
depuis en hôtel, faire une leçon sur l'arbre à
cornichons, sans avouer jamais qu'il est le fils d'un témoin
coolie du procès de Bordeaux. Guidée par les archives
personnelles de l'avocat martiniquais communiste Georges Gratiant,
Mauduech parvient à cerner, sinon à percer, toutes
les énigmes. Au moment du crime, Guy de Fabrique se disposait-il
à tirer sur les grévistes ? Était-il un
Nabuchodonosor colonial ou un Meursault créole ébloui
par "les cymbales du soleil", comme dit Camus dans
"l'Étranger" ? Lire
la suite… |
|
|
|
|
O |
|
|
|
|
|